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Sous les régions disloquées et principalement sous les chaînes de montagnes d’un âge relativement récent, le tassement définitif des parties profondes peut n’être pas établi : il doit rester des interstices et des cavités intérieures à haute température, qui à la longue se sont remplies d’eau par l’action de la capillarité. Ainsi, dans la profondeur des régions disloquées, nous trouvons les trois conditions que nous venons de mentionner : des cavités, de l’eau et une haute température, et, par suite, un agent capable, à un moment donné, de produire les effets dynamiques les plus considérables.

Supposons un baril de poudre faisant explosion dans une cavité située à une centaine de mètres sous terre. A la surface, en même temps qu’on entendra une sourde explosion, on ressentira dans une place limitée une secousse verticale, et autour, sur une plus grande étendue, une secousse ondulatoire ; chacun comparera ces phénomènes à un tremblement de terre. Toutefois, et voilà pourquoi nous citons cet exemple, il lui manquera le caractère essentiel sur lequel nous avons particulièrement insisté : la répétition. Ici, en effet, tout est fini dans une seule secousse. Or, dans la plupart des tremblemens de terre, les secousses se succèdent comme si la cause se régénérait.

Comment ces énormes tensions peuvent-elles aboutir à des chocs réitérés ? On peut le concevoir de plusieurs manières, suivant l’hypothèse où nous nous sommes placés. Ainsi, dans l’une de ces cavités dont nous venons de parler, l’eau étant arrivée, avec le temps, à une température explosive, elle déplace brusquement quelques parois de sa prison. De là, une première secousse, suivie d’une expansion dans des crevasses ou des cavités voisines, qui possèdent moins de température et de tension. Puis, cette diminution de pression dans le foyer primitif ayant eu lieu, les parois qui avaient cédé reviennent sur elles-mêmes et reprennent leur première position, pour céder encore, lorsque le réservoir primitif aura réparé la tension perdue. En d’autres termes, les communications entre les cavités se rebouchent et doivent être débouchées plus tard par un nouvel effort. Cet écoulement, de cavités en cavités, qui, au lieu d’être continu, se fait par ruptures et soubresauts, pourra se reproduire un certain nombre de fois et continuer ainsi, jusqu’à épuisement du réservoir principal. Toutefois le mécanisme n’est pas détruit. Après avoir ainsi fonctionné, et donné lieu à une période seismique, il pourra, pendant la période de calme qui suivra, se recharger, par le phénomène d’alimentation dont on a parlé plus haut. C’est quelque chose d’analogue qui se passe dans les éruptions volcaniques, que sépare le laps de temps nécessaire pour qu’une alimentation lente recharge leur appareil. En outre, sous l’effet des contractions de l’écorce terrestre que nous avons signalées comme la continuation de celles