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inspirées permettent de juger pourquoi le contrat d’assurance, en général, a donné lieu, en France, depuis quelques années, à des mouvemens divers; entré de plus en plus dans nos habitudes financières, il a été l’objet d’un grand empressement ; puis, par des circonstances toutes fortuites, il est devenu l’objet de suspicions exagérées ; quelques fautes à lui propres ont même paru devoir en arrêter l’essor, mais il n’a cessé de rester le point de mire des calculs des hommes prévoyans et avisés. Quelques années de sagesse dans la gestion des compagnies, de meilleures habitudes à prendre, lui rendront promptement la faveur publique, et cette forme d’opérations, sauvegarde du présent et de l’avenir pour tout individu qui ne vit pas au jour le jour, continuera de poursuivre sa marche progressive et victorieuse. En créant la caisse de la vieillesse, en protégeant les caisses de secours mutuels, l’état a rempli son rôle de protecteur pour ce qui concerne les assurances sur la vie. Quant aux assurances contre l’incendie, il n’a aucune action à exercer en leur faveur ; c’est aux forces individuelles, aux sociétés privées qu’il est réservé de s’en occuper. Pour elles, une seule précaution s’impose, et l’histoire des dernières années leur montre leur devoir pour obtenir tous les succès souhaitables : c’est qu’elles se concilient entre elles, qu’elles ne se fassent pas de concurrences ruineuses, qu’elles ne cherchent pas à doubler leur fortune en tuant les nouveau-venus, coûte que coûte; le principe à adopter, — on semble proclamer une naïveté, — c’est qu’il ne faut pas travailler à perte. Or cette règle n’était pas suivie quand on abaissait les primes d’assurances à des taux trop bas pour se créer un portefeuille important tout d’un coup, ou pour détourner la clientèle de ses voisins. On n’a réussi qu’à se ruiner soi-même et à infliger aux autres des pertes inutiles, enfin, à donner aux assurés des habitudes qu’il est difficile de rompre ensuite.

Le commerce vit en tout temps, et c’est là son but unique, de ce que l’on appelle le profit de l’intermédiaire entre le producteur et le consommateur : le commerçant prend les produits où il les trouve, près ou loin, dans chacun des continens, sous tel ou tel hémisphère; il franchit les obstacles, ne tient pas compte des distances, des mers qui séparent les mondes; et c’est ainsi que les progrès de la civilisation ont été obtenus ; c’est pour la substitution d’un lieu d’échange à un autre que les guerres se sont déclarées ou les paix conclues, que les révolutions pacifiques ou non se sont faites ; le déplacement des produits à acheter ou à vendre a bouleversé et bouleversera sans cesse notre globe et transformera ses habitans. Dans notre histoire contemporaine, les besoins du commerce