référé au gouverneur général, envoya de sa part à M. Lowasy l’ordre de faire partir Medeni pour Alger; et cependant, ce même jour-là, le comte d’Erlon mandait au lieutenant-colonel Duvivier qu’il ne voulait pas avoir d’autre intermédiaire que lui avec les Kabyles ; sa lettre et la réponse de M. Lepasquier au commissaire du roi furent apportées à Bougie par le même bateau. Medeni s’embarqua pour Alger, le 17 février, vit le gouverneur-général et l’endoctrina si bien qu’il fut convenu qu’une négociation serait ouverte avec OuIid-ou-Rebah par M. Lowasy et par lui-même, à l’insu du commandant supérieur. Entre son départ et son retour, la rupture avait éclaté tout à fait entre Duvivier et le commissaire du roi. Le Maure revenu se mit tout de suite en relations avec Oulid-ou-Rebah, qui ne demanda pas mieux que de conférer avec M. Lowasy.
Le 27 mars, dans la matinée, Medeni, qui était particulièrement recommandé par le gouverneur-général au commandant supérieur, lui demanda l’autorisation de sortir en barque ; avec une apparente confiance, il lui dit qu’il allait voir, à l’embouchure de l’Oued Beni-Meçaoud, le cheikh Oulid-ou-Rebah pour une affaire de commerce. Le commandant lui donna l’autorisation qu’il souhaitait et le chargea de témoigner de sa part au cheikh le regret que les rapports entre Kabyles et Français ne fussent pas meilleurs. De la terrasse de la haute kasba, Duvivier pouvait suivre avec une longue-vue ce qui se passait à l’embouchure de la rivière. Il vit d’abord sur la plage un groupe nombreux de cavaliers armés, puis il aperçut, à sa grande surprise, non pas une barque, mais deux barques, l’une desquelles avait arboré le pavillon français à l’arrière, et de celle-ci il vit sortir des gens vêtus à l’européenne ; la distance ne lui permettait pas de les reconnaître. Aussitôt il fit requérir le commandant de la marine d’envoyer saisir les deux barques et conduire ceux qui les montaient à bord du stationnaire. En attendant l’exécution de sa requête, il allait de surprise en surprise ; les scènes les plus imprévues se succédaient sous ses yeux. Une troupe de cavaliers, débouchant tout à coup d’un ravin, venait assaillir le premier groupe, un combat s’engageait sur la grève ; les agresseurs étaient repoussés ; cependant, réfugiés dans leur barque, les Européens s’éloignaient à force de rames, tandis qu’à grands gestes les vainqueurs les rappelaient en agitant, pour les rassurer sans doute, les têtes sanglantes des vaincus ; à la fin le dénoûment arrivait avec les canots du stationnaire, qui saisissaient les deux barques et ramenaient à bord équipage et passagers.
Là on reçut l’explication du drame dont jusqu’alors on n’avait eu que la mimique. C’était bien Oulid-ou-Rebah qui, avec les cavaliers de sa tribu, était au bord de la mer; des deux barques, la première