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III.

LE RAVISSEMENT D’ANDROMÈDE.



Athéné le plaça parmi les astres.
ARATUS.

Elle fut, dit-on, mise au nombre des étoiles.
HYGIN.



D’un vol silencieux, le grand cheval ailé
Soufflant de ses naseaux des jets d’ardente brume,
Les emporte dans un frémissement de plume,
A travers la nuit bleue et l’éther étoile.

Ils vont. L’Afrique plonge au gouffre flagellé,
Puis le désert, l’Asie et le Liban qui fume,
Et voici qu’apparaît, toute blanche d’écume,
La mer mystérieuse où vint sombrer Hellé.

Et le vent gonfle ainsi que deux immenses voiles
Les ailes qui, volant d’étoiles en étoiles.
Aux amans enivrés font un tiède berceau;

Tandis que, l’œil au ciel et s’étreignant dans l’ombre,
Ils voient, étincelant du Bélier au Verseau,
Leurs constellations poindre dans l’azur sombre.


JOSE-MARIA DE HEREDIA.