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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 mai.


Avant que la lune rousse ait épuisé ses rigueurs, nos chambres françaises ont repris l’autre jour leur travail sans éclat et sans bruit, tout à fait sans cérémonie. Elles avaient quitté, il y a un peu plus d’un mois, le Luxembourg et le Palais-Bourbon, encore tout émues de l’alerte des affaires du Tonkin et d’une crise ministérielle, sans regarder derrière elles, impatientes de partir, comme pour se donner à elles-mêmes le temps de la réflexion et laisser à un nouveau cabinet le temps de se reconnaître, de s’établir au pouvoir; elles sont revenues par les dernières giboulées, avec une provision d’impressions qui ne sont peut-être pas plus riantes que la saison.

Elles ont retrouvé le nouveau ministère, ni plus fort, ni plus faible, ni mieux fixé, ni moins embarrassé, à peu près tel qu’il était le jour où il est né, à la veille des vacances parlementaires ; elles ont retrouvé aussi les lois, les propositions, les projets, tout ce qu’elles avaient laissé en suspens. Elles sont entrées sans ardeur, sans un empressement bien sensible, dans cette seconde phase d’une session qui, pour la chambre des députés, est la dernière étape de la législature. Que vont-elles faire maintenant de ces quelques mois qui leur restent ? Comment va se passer cette fin de session qui est aussi la fin de l’une des deux chambres? Ce n’est point assurément qu’il n’y ait de quoi occuper des assemblées et un ministère qui sauraient employer à demi leur activité. Même en écartant tout ce qui est inutile ou dangereux, comme la prétendue réforme militaire, en sachant se borner à ce qui est le plus pressant, à ce qui ne peut être ajourné, il reste encore évidemment un programme assez complet. Les questions sérieuses, intéressantes ne manquent pas. il y a cette loi des récidivistes qui, depuis deux ans, va du Palais-Bourbon au Luxembourg, du Luxembourg