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soit à des mouvemens militaires dans l’Asie centrale, il est devenu manifeste que la Russie et l’Angleterre étaient également animées du désir de régler rapidement la question afghane. Les négociations pour la délimitation de la frontière ont été reprises sur-le-champ et menées à bonne fin. M. Gladstone annonçait, il y a deux jours, que le foreign-office attendait l’adhésion de la Russie au tracé qui venait d’être établi à Londres même entre lord Granville et M. de Staal.

Tandis que la spéculation se recueillait, laissant la place livrée à ses propres forces, on a vu le marché du comptant prendre une animation des plus satisfaisantes; déjà, pendant la crise, des sommes considérables avaient été employées en achats d’inscriptions de rentes ou d’actions momentanément précipitées à des cours de panique; ces achats se sont continués après la reprise, et sur les fonds publics les cours du comptant n’ont cessé d’être plus élevés que ceux du terme. Ce fait attestait l’abondance extrême de l’argent, démontrée bientôt, en outre, par l’abaissement du taux officiel de l’escompte à la Banque d’Angleterre, puis à la Banque impériale d’Allemagne, par la réduction du taux d’intérêt pour nos bons du trésor à moins d’un an d’échéance, enfin par de nombreux escomptes effectués sur les rentes françaises et les actions du Crédit foncier.

L’affermissement des espérances pacifiques, la prompte terminaison de l’affaire du Bosphore égyptien, les excellentes nouvelles reçues de l’extrême Orient touchant l’évacuation du Tonkin par les troupes chinoises et l’ouverture des négociations à Tien-Tsin pour le traité de paix définitif ont eu pour résultat, dans les derniers jours de la quinzaine, de déterminer une nouvelle étape dans la voie de la reprise. Les Consolidés ont atteint 99 3/8, le Russe 94 1/2, le Hongrois 80.50, l’Italien 95, le 3 pour 100 80.20, le 4 1/2 109 francs. Ce mouvement a été enrayé le second jour par quelques bruits relatifs à l’imminence d’un désaccord entre les délégués anglais et les représentans des autres puissances dans la commission internationale chargée de régler les questions se rattachant au principe de la neutralité du canal de Suez. Les délégués anglais prétendent que les délibérations de la commission ne peuvent dépasser les limites tracées par la circulaire de lord Granville datant des premiers mois de 1883 ; les autres délégués acceptent bien que cette circulaire serve de base aux travaux de la commission, mais non qu’elle en limite la sphère. La difficulté devant laquelle la commission se trouve actuellement arrêtée a trait aux conditions dans lesquelles doit s’exercer la surveillance de la neutralité du canal. M. Gladstone aurait, si l’on en croit une dépêche, affirmé que les délégués anglais ne donneraient leur assentiment à aucune clause dépassant les termes de la circulaire Granville, Il est vrai que M. de Freycinet, appelé à parler de cette difficulté devant la commission