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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 69.djvu/487

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L'AMBASSADE
DE
M. DE CHATEAUBRIAND[1]
[1828]


I

Au mois de juillet 1828, je passai mon examen de droit, celui de première année, avec trois boules rouges, ce qui était le strict nécessaire ; et je m’en suis tenu là en fait d’étude de la jurisprudence. J’avais dix-neuf ans depuis le 19 mai et je venais d’être attaché à l’ambassade de M. de Chateaubriand à Rome. Mon père se proposait de faire avec moi le voyage d’Italie, et nous devions partir dans les premiers jours de septembre. A quoi ai-je employé l’année qui suivit ma libération du collège ? Ce serait me calomnier moi-même que de dire qu’elle fut entièrement perdue en futilités. Non ; à peine eus-je la bride sur le cou que je sentis un peu le besoin de me discipliner moi-même. Toute mon éducation était à refaire, et je me suis mis assez bravement, sans me surmener toutefois, à la recommencer. Dois-je convenir que, pour avoir raison de ma détestable écriture et m’apprendre à écrire vite et lisiblement, il m’a fallu remplir des pages entières de jambages et de lettres à la façon des enfans de l’école primaire ? Quant aux cours de droit, je ne les suivais guère. Mon père avait

  1. Ce fragment est extrait d'un volume de Souvenirs laissé par mon père, qui va paraître à la librairie Calmann-Lévy. HAUSSONVILLE.