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aussi la chaumière natale de Jeanne d’Arc, contiguë au cimetière, se trouvaient, quoi qu’on en ait dit, sur la partie française de Domremy, mais, suivant une remarque déjà faite, à l’extrême limite de cette partie française, puisque le ruisseau qui les séparait de la partie barroise dont les Bourlemont étaient seigneurs coule encore aujourd’hui au pied de la maison, dite de la Pucelle, reconstruite en 1481 et ainsi désignée dans un acte de 1586, lorsqu’elle fut vendue à Louise de Stainville, comtesse de Salm.

Outre les redevances ou corvées indiquées ci-dessus, la maison forte et ses dépendances, les Bourlemont possédaient à Domremy trente-cinq « fauchées » de pré, quarante-quatre « jougs » de terre arable, un vignoble, six cents arpens de bois, et enfin le cours de la Meuse depuis le pont de Domremy en aval jusqu’au pré de la Fortey situé en amont du côté de Coussey. On voit par le curieux testament de Jean de Bourlemont dont nous avons parlé plus haut que les membres de cette noble famille, seigneurs en partie de Domremy, de Greux, de Maxey et de Bourlemont, entretenaient avec leurs hommes de ces quatre villages des relations d’une familiarité toute patriarcale. Ainsi, le testateur lègue deux écus à Oudinot, à Richard et à Gérard, « clercs enfans du maistre de l’escole » de Maxey, à charge de prier pour lui et de réciter les sept psaumes. Maxey est un village de Lorraine situé sur la rive droite de la Meuse en face de Domremy et de Greux échelonnés sur la rive gauche. L’école dont il est ici question était sans doute fréquentée par les enfans de ces deux dernières paroisses mises en communication avec la première par un pont sur la Meuse ; et comme les Lorrains de Maxey étaient, du temps de la Pucelle, attachés au parti anglo-bourguignon, à l’exemple de Charles II leur duc, tandis que les habitans de Greux et de Domremy gardaient une fidélité inviolable au roi de France, leur souverain immédiat, les écoliers de ces trois villages se livraient parfois des combats sanglans rappelés dans une réponse de Jeanne à ses juges. Par un autre article de son testament. Jean de Bourlemont recommande à son héritier de ne plus exiger une rente annuelle de deux douzaines d’oisons, s’il est bien constaté après enquête que ses hommes de Domremy ne doivent pas être assujettis à cette redevance. Pierre de Bourlemont, fils de Jean, seigneur de Domremy pendant les premières années du XVe siècle, avait conservé les mêmes habitudes familières, vraiment patriarcales. Tous les ans, le dimanche de Lœtare ou de la mi-carême, appelé par les habitans duBassigny dimanche des Fontaines, fête extrêmement populaire dans toutes les parties du Barrois, aussi bien dans la vallée de la Marne que dans celle de la lieuse, Béatrix, femme de Pierre de Bourlemont, originaire du royaume de France, accompagnée parfois de son mari et de sa belle-mère