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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 69.djvu/625

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LA


QUESTION RELIGIEUSE


EN BOSNIE ET EN HERZÉGOVINE

Le mouvement d’expansion qui entraîne aujourd’hui hors d’elles-mêmes les grandes nations européennes a eu pour premier effet, depuis le traité de Berlin, où il a commencé à se produire, de pousser la plupart d’entre elles vers les contrées du bassin de la Méditerranée, que le long règne de l’islamisme a conservées à la barbarie. Profitant de sa victoire sur la Turquie, la Russie s’est appliquée à s’insinuer de plus en plus dans cette jeune principauté de Bulgarie, qu’elle a créée par ses armes et qu’elle prétend bien assimiler par son administration ; en même temps, l’Autriche entrait en Herzégovine et en Bosnie pour y accomplir une œuvre du même genre ; peu après, la France s’emparait de la Tunisie, et l’Angleterre, réalisant une de ses plus vieilles espérances, mettait le pied en Égypte. Ainsi, le monde musulman a été attaqué de tous côtés. Mais, dans cet effort général pour le soumettre à la civilisation qu’il a trop longtemps repoussée, tous n’ont pas eu le même succès. Chose étrange ! la nation civilisatrice par excellence, l’Angleterre, a complètement échoué en Égypte, tandis que la France, connue par tant d’échecs coloniaux, obtenait immédiatement en Tunisie des avantages inespérés. Un phénomène analogue s’est produit en Europe, dans la presqu’île même des Balkans, théâtre éternel des luttes du christianisme contre l’islam. Le champion historique du christianisme, le peuple qui a remporté sur l’islam les