sympathiques à la monarchie austro-hongroise. Quelques-uns d’entre eux s’étaient bien, il est vrai, dans les premiers jours de l’occupation, permis certains excès de parole ; ils avaient critiqué hautement des mesures administratives et exercé une action fâcheuse sur leurs paroissiens ; mais ce n’avaient été là que des cas tout à fait isolés, et encore ne s’étaient-ils produits que de la part de ces franciscains qui étaient encore imbus des traditions de la résistance contre l’arbitraire turc et ne comprenaient pas la nécessité de se soumettre à une administration régulière, honnête, civilisée. En général, au contraire, ce nouvel état de choses avait rencontré une franche adhésion de la part des franciscains : il y avait donc lieu de s’arranger de façon à ne pas les mécontenter. Toutefois, le gouvernement lui-même, dans l’intérêt de l’église, aussi bien que dans l’intérêt des franciscains, comprenait qu’il était nécessaire d’introduire parmi eux une discipline plus sévère. Il ne se dissimulait pas non plus que l’établissement d’un lien plus intime entre le clergé bosniaque et le chef de l’église romaine ne pourrait que rehausser le prestige du catholicisme dans le pays. Ainsi, le gouvernement et la curie désiraient une solution analogue ; mais, durant les premières années de l’occupation, il ne fut pas possible de donner à ce désir commun une réalisation immédiate. Ce fut seulement en 1881 que les négociations furent entreprises à ce sujet. En résumé, jusqu’en 1880, aucune modification importante ne put être opérée dans l’organisation des trois confessions religieuses de Bosnie et d’Herzégovine. Mais, de 1880 à 1884, la réorganisation hiérarchique des trois églises fut accomplie d’une façon complète. En même temps, on réorganisa l’enseignement théologique, l’administration des vakoufs et la juridiction du chériat.
Lorsqu’il commença à s’occuper activement de l’église orthodoxe orientale, le gouvernement austro-hongrois eut immédiatement à résoudre un problème des plus délicats. Nous avons vu que, pour réaliser les vœux des populations, il fallait avant tout relever la situation intellectuelle et morale du clergé de cette confession et faire cesser certains abus qui pesaient lourdement sur les fidèles. Il était à craindre que la réforme ne devint très difficile par suite de ce fait que l’église orthodoxe orientale était régie, non-seulement quant aux dogmes de la foi, mais aussi quant à l’organisation hiérarchique et à la nomination des évêques, par le patriarche de Constantinople, résidant hors du pays et ayant des intérêts opposés à ceux du pays. Il fallait donc tout d’abord régler les