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Herzégovine puissent être confiées à un clergé séculier indigène et instruit. En 1882, l’école était organisée dans une maison provisoire et les constructions du grand séminaire avançaient rapidement. A l’heure actuelle, une aile de deux étages est achevée, ce qui suffit aux besoins présens. Le gouvernement n’a pas eu à venir financièrement en aide aux jésuites ; il s’est borné à leur livrer gratuitement le bois et les pierres nécessaires à la construction. Il leur paie 19,240 florins pour l’entretien du séminaire. Déjà trois classes de l’école sont ouvertes et comprennent soixante-quatre élèves ; chaque année, une nouvelle classe sera ajoutée. Cette grande institution scolaire, située au centre de la partie de la Bosnie qu’occupent les catholiques, semble avoir pour mission principale de faire pénétrer l’instruction et les connaissances littéraires dans cette population trop arriérée.

Peu après l’arrivée de l’archevêque à Serajewo, il se produisit entre lui et les franciscains des froissemens presque inévitables. L’archevêque croyait devoir interpréter la bulle pontificale de telle sorte qu’elle fût le prélude d’une sécularisation générale de l’église de Bosnie. C’est du moins ainsi qu’il tâchait de l’appliquer dans son propre diocèse ainsi que dans le diocèse de Banjaluka, alors vacant. Les franciscains redoutaient la perte subite des paroisses appartenant à leurs couvons ; ils craignaient aussi, non sans quelque raison, que ces paroisses restassent dépourvues de pasteurs, car le séminaire, à peine fondé, ne pouvait, de plusieurs années, fournir des prêtres, et il n’était pas aisé d’en faire venir de l’étranger qui fussent en état de remplir leur mission. C’est pourquoi les franciscains manifestaient une certaine aversion contre la sécularisation ; ils se plaignaient de ne pas occuper dans le chapitre de l’archevêché la place qui leur était réservée. Leurs griefs amenèrent, en 1882, le général de leur ordre à entreprendre le voyage de Rome en Bosnie afin d’intervenir auprès de l’archevêque. Les franciscains proposaient de livrer un certain nombre de paroisses à celui-ci pour qu’il en disposât en faveur des prêtres séculiers ; mais l’archevêque, qui avait en vue la sécularisation de toutes les paroisses, bien qu’il ne fût pas en mesure de trouver des titulaires même pour celles qu’on lui abandonnait, ne croyait pas pouvoir accepter leurs offres. Les choses en étaient là lorsque le conflit fut porté à la connaissance du gouvernement austro-hongrois. Des deux côtés on l’invita avec une égale insistance à mettre fin aux difficultés en se prononçant entre les prétentions rivales. Mais comme il avait pris pour principe de procéder avec une extrême réserve dans les questions religieuses, il était bien décidé à ne se mêler à des querelles de ce genre qu’autant qu’il lui serait