germain, Izhak-Khan, le compagnon de ses campagnes, dont il a fait le gouverneur des provinces du nord, mais à qui il a refusé Maïmena, et dont il redoute l’ambition. Il se décida, cependant, et l’entrevue eut lieu, le 28 mars, à Rawul-Pindi, dans le Pendjab. Rien ne fut négligé pour flatter l’émir, pour le gagner à l’Angleterre et pour produire une impression sur son esprit. Dès le lendemain de son arrivée, il reçut une cassette contenant 22,000 roupies, pour l’indemniser de ses dépenses. Indépendamment des cadeaux personnels, on lui fit présent d’une batterie de six pièces de campagne, approvisionnées à cent coups, et d’une quantité considérable de sabres et de fusils ; 22,000 hommes de troupes de toutes armes, grand effort pour l’armée anglo-indienne, avaient été réunis pour qu’il les passât en revue et prit une haute idée de la puissance anglaise. Outre une suite nombreuse, le vice-roi avait amené la plupart des hauts fonctionnaires, un certain nombre de rajahs et un des fils de la reine, le duc de Connaught : cependant, dans toutes les cérémonies, la place d’honneur fut attribuée à l’émir. Au durbar, ou réception solennelle, un trône avait été élevé pour lui, à côté de celui du vice-roi. Comment n’être pas flatté de tant d’hommages ? L’attitude et le langage de l’émir furent des plus corrects. Il exprima sa reconnaissance et son respect pour la reine, il lui souhaita de longues années de prospérité ; mais lorsqu’en tête-à-tête avec le vice-roi il fut question de la crise actuelle, l’émir, tout en acceptant le secours des Anglais s’il venait à être attaqué par les Russes, ne voulut point consentir à l’entrée d’un corps de troupes anglaises sur son territoire, alléguant qu’il lui en coûterait immédiatement la confiance et les sympathies de son peuple. Il n’a pas accepté davantage qu’un détachement, même de 500 hommes seulement, vînt tenir garnison dans Hérat : tout ce qu’il concéda fut que le colonel Stewart, avec deux ou trois officiers, vint inspecter les fortifications de cette ville et en diriger la reconstruction ; mais il promit d’y envoyer quelques-uns de ses meilleurs régimens.
Abdurrhaman se souvient de son exil et des années qu’il a passées à Samarcande, où il recevait de la Russie une pension de 25,000 roubles. Il suivait avec une attention extrême les moindres événemens qui s’accomplissaient dans l’Asie centrale : il a vu la puissance russe écraser tous ses adversaires et s’avancer toujours par une marche régulière et irrésistible. Pourquoi s’exposerait-il, dans un intérêt étranger, à l’hostilité d’un ennemi aussi redoutable, qui peut, à tout instant, lui susciter des compétiteurs ? Pourquoi irait-il au-devant d’attaques que sa sagacité naturelle et son expérience lui font regarder comme fort improbables ? Pourquoi ne se réserverait-il pas d’être, suivant les circonstances, l’allié aussi bien