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Elle confirma, en les augmentant, les dispenses établies par les lois précédentes : si elle les accorda aux infirmes au nom de leur propre malheur, aux orphelins, aux fils de veuves, aux frères de soldats au nom des intérêts domestiques, plus soucieuse encore de l’intérêt général, elle étendit de larges immunités sur tous ceux qui, candidats aux grandes écoles, à l’enseignement, au sacerdoce, empruntaient à leur vocation le caractère d’hommes publics. Ceux qui, sans briguer les charges de l’état, se destinent aux carrières libérales ou dirigent des industries importantes ne lui paraissaient pas jouer dans la société un rôle moins utile, puisqu’ils y développent l’intelligence et la richesse. Elle ne songea pas à dispenser cette élite du service, tenant au contraire que l’exemple vînt de haut ; mais elle ne voulut pas que, durant cinq années, la société fût exposée à s’appauvrir par leur inaction. Comme leur culture leur permettait de s’instruire plus vite, elle leur permit de quitter plus tôt la caserne, et elle leur imposa en échange de cette faveur l’obligation de fournir à leurs dépenses. La seule institution qui passa sans changemens de l’armée allemande dans la nôtre fut le volontariat d’un an.

L’armée comptait d’abord les hommes, officiers, sous-officiers, soldats, qui no se recrutent pas par des appels ; cette portion qu’on nomme permanente et qu’on pourrait appeler volontaire de l’armée est de 120,000 hommes.

Le recrutement procurait le reste. Chaque année 300,000 Français atteignent l’âge du service.

Il en fallait déduire :


Exempts pour infirmités 80.000 hommes.
Dispensés comme nécessaires à leur famille. 55.000 —
— comme liés à un service public. 5 000 —
140.000 hommes.

Restaient 160,000 hommes destinés à l’armée[1]. Sur ce nombre 20,000 servaient comme volontaires d’un an ; 140,000 étaient d’après l’ordre des numéros partagés en deux portions sensiblement égales : 70,000 hommes servant un an, 70,000 hommes cinq ans.

  1. On a compris dans ces calculs les hommes du contingent destinés aux troupes de la marine ; ces troupes, on le sait, doivent faire retour à l’armée de terre.