d’Antoine, il l’invita, le 8 avril suivant, à déclarer officiellement qu’il renonçait à toutes prétentions sur sa succession. Peu satisfait de la réponse évasive du comte de Vaudemont à cette première lettre, il lui adressa une seconde dépêche, datée de Nancy le 25 du même mois, où il renouvelait sa demande en termes plus pressans. Le comte ne cherchait qu’à gagner du temps ; il répondit à son oncle d’une manière aussi dilatoire que la première fois, disant qu’il avait besoin de communiquer les lettres du duc « à ses seigneurs et amis pour avoir leur conseil. »
Ces derniers mots renfermaient une menace habilement déguisée. Les amis auxquels Antoine de Lorraine faisait ainsi allusion n’étaient autres que le roi d’Angleterre et le duc de Bourgogne. Nous voyons en effet que, quelques mois plus tard, le 24 septembre 1425, Henri VI, ou plutôt Bedford, donnait à son « féal cousin, » le comte de Vaudemont, en récompense de ses services, les terres de Demuin et de Mézières, en Picardie, confisquées sur Charles d’Esneval. Charles II ne se laissa pas intimider par ces sous-entendus. Le 1er juin, il notifia pour la forme à son neveu une troisième sommation, en même temps qu’il donnait à son armée l’ordre d’entrer en campagne. René d’Anjou, son gendre, ouvrit les hostilités en mettant le siège devant Vézelise, la place la plus importante du comté de Vaudemont. Jean de Remicourt, sénéchal de Lorraine, qui dirigeait les opérations, fut blessé mortellement en donnant l’assaut, et fit son testament daté du 20 juin 1425. On en peut conclure que la lutte à main armée entre le duc Charles et le comte son neveu avait commencé quelques jours avant cette date.
L’histoire nous montre que ces luttes entre parens ont souvent pris un caractère d’acharnement particulier. On ne vit jamais guerre plus atroce que celle que se firent au XIVe siècle les deux prétendans à la succession de Bretagne, Jean de Montfort et Charles de Blois. Dans des circonstances analogues, René d’Anjou et Antoine de Lorraine ne se combattirent pas avec moins d’ardeur, et Marie de Harcourt, femme d’Antoine, rappela par son énergie toute virile Jeanne de Flandre enfermée dans Hennebont. Quelques-uns des incidens de cette lutte eurent pour théâtre les environs mêmes des Domremy. A la fin de juillet 1425, René, duc de Bar, assiégea et prit les deux forteresses de Rimaucourt et de la Ferté-sur-Amance occupées par des hommes d’armes à la solde de Thibaud de Neuchâtel, seigneur de Reynel, chambellan du duc de Bourgogne et grand-maître de la maison de Henri VI. Le comte de Vaudemont ne se borna pas à enrôler dans son parti Thibaud de Neuchâtel ; le 11 octobre 1427, il conclut des traités d’alliance offensive et défensive contre les ducs de Lorraine et de Bar, d’une part, avec Guillaume de Thil, seigneur de Châteauvillain, gouverneur de