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LE
SALON DE 1885

LA SCULPTURE, L’ARCHITECTURE. LA GRAVURE[1]

L’architecture est un art délicat, le plus complexe de tous les arts ; mais c’est un art nécessaire. Le dur besoin d’un abri en révéla les élémens aux hommes des premiers âges, et ils firent de l’architecture comme plus tard M. Jourdain devait l’aire de la prose, sans le savoir. A peine les peintres s’étaient-ils essayés à reproduire la figure humaine ou les aspects changeans de la nature ; à peine les premiers sculpteurs avaient-ils enfanté les premières statues dont se soient réjouis les yeux de l’homme, que déjà, en l’honneur des morts ou des dieux, pour célébrer les jeux, pour réunir le peuple, des amphithéâtres s’étaient élevés, des pyramides avaient été édifiées, des temples étaient sortis majestueusement du sol. Cette nécessité si ancienne, si universelle de l’architecture devait en faire le plus populaire de tous les arts.

Certes, il n’est pas donné à tous les hommes d’ajouter à leurs demeures le rare et luxueux ornement de fresques éblouissantes ou de peintures délicates ; certes, les statues précieuses, les marbres savamment fouillés, les ivoires doux et étincelans sont réservés aux intérieurs des riches et des puissans ; mais avoir une

  1. Voyez la Revue du 15 juin.