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la forme vivante que, dans la Grèce attique, toutes les pratiques de la toilette chercheront au contraire à dégager et à faire briller de son propre éclat.

Du costume de paix passons au costume de guerre, à l’équipement des héros d’Homère. Faite tout entière de bronze, l’armure défensive se composait du casque, de la cuirasse, du bouclier et des jambières ou enémides ; ajoutez-y des bandes ou ceintures de métal qui s’attachaient à l’endroit où finissait la cuirasse, pour protéger le ventre et les reins. Au-dessus du heaume flottait un panache en crin, parfois teint en rouge ; le casque était pourvu de joues, mais n’avait pas encore de nasal. Deux plaques épaisses, qui s’attachaient sur les côtés, formaient la cuirasse ; l’une d’elles couvrait le devant, l’autre le derrière du corps. Le bouclier était rond ou ovale ; dans le premier cas, il comptait deux poignées, l’une où passait le bras, et l’autre que serraient les doigts ; lorsque sa forme allongée lui donnait presque la hauteur du corps, on ne pouvait le tenir qu’avec la main. Lorsqu’on marchait ou qu’on fuyait, une courroie de cuir permettait de le rejeter sur le dos.

Les armes offensives sont aussi de bronze, quoique le fer fût déjà connu et apprécié. C’est à peine si, dans deux ou trois vers, que les critiques proposent de regarder comme interpolés, il est question d’une pointe de flèche, d’une épée et d’une massue de fer[1]. L’arme principale, c’est une longue épée à deux tranchans, avec laquelle on pouvait frapper d’estoc et de taille. Des clous d’or ou d’argent servaient à fixer sur la poignée une enveloppe d’os ou de bois qui permettait de saisir l’arme et de l’avoir bien en main. Le fourreau était souvent décoré d’incrustations en argent ou en ivoire ; une dague plus courte était quelquefois rattachée à cette gaine pour remplacer l’épée rompue dans un combat corps à corps. La lance était une perche de frêne armée aux deux bouts d’une pointe de métal ; l’une de ces pointes était disposée pour l’attaque, et l’autre servait à piquer le javelot en terre. On frappait avec la lance et on la jetait aussi contre l’ennemi. Les têtes de flèche étaient à trois arêtes ; elles étaient disposées de manière à ne pas pouvoir sortir des chairs où elles s’étaient enfoncées, à y faire hameçon. Les archers ne jouaient d’ailleurs qu’un rôle secondaire ; les guerriers en renom allaient à la bataille sur des chars % attelés de deux chevaux. Debout, auprès d’eux, le cocher guidait l’attelage ; il maintenait les chevaux pendant que le soldat, ayant mis pied à terre, se mesurait avec ses adversaires ; il le ramenait, vainqueur ou vaincu, quand la lutte avait pris fin.

  1. Iliade, IV, 123 ; XVIII, 34 ; VII, 141-144.