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UN
DEPARTEMENT FRANCAIS

I.
LES PAYSANS, LE CLERGÉ, LES GRANDS PROPRIÉTAIRES.

La France est aujourd’hui le pays du monde où la capitale présente l’aspect le plus différent du reste de la nation. En face de trente-cinq millions de provinciaux se dresse une ville, ou plutôt un petit état, supérieur, par sa population, à la Grèce, à la Serbie, au Danemark, à la Norvège et quelques autres royaumes plus ou moins constitutionnels. Cette république, enclavée dans la grande, est représentée par une assemblée agressive qui réclame tous les jours une autonomie plus complète. Elle se vante d’être cosmopolite, et ne désespère pas de rompre un jour quelques-uns des liens qui subordonnent son sort à celui de la patrie. Combattue par les lois, sa prépondérance a été longtemps favorisée par la politique. Après avoir imposé trois ou quatre révolutions à la province, elle ne peut se consoler d’avoir perdu ce privilège. Tous les ans, un parti puissant célèbre l’anniversaire du jour où ce petit État, exaspéré par un siège de quatre mois, a tourné ses armes contre la volonté nationale. Les mœurs elles-mêmes semblent perpétuer des causes de