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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



14 juillet.

À quelle date précise se feront les élections qui se préparent en France ? On ne l’a pas dit encore : elles se feront avant peu, le mois prochain, selon les uns, si on en a fiui avec tout ce qui reste à expédier, surtout avec le budget ; elles ne se feront, selon les autres, que le mois suivant, à la fin de septembre. Peu importe la date, le jour ne fait rien à l’affaire.

Ce qui n’est point douteux, c’est que, de toute façon, dans tous les cas, on touche désormais à l’échéance inévitable, à l’heure où il faut rendre les comptes, et dès ce moment les élections deviennent la grande, l’unique et pressante préoccupation ; elles dominent ces débats parlementaires où s’épuisent les derniers feux d’une chambre expirante. On discute pour le public, pour l’extérieur, bien plus que pour des députés qui ne sont plus déjà eux-mêmes que des candidats. On fait des discours et on vote pour capter les électeurs. On se modère même au besoin, à l’approche du scrutin, pour ne pas trop effaroucher la province, ou pour faire oublier de vieilles complicités dans toutes les manifestations violentes. Au fond, chez tous ces prétendans, députés d’hier, candidats d’aujourd’hui, qui vont briguer un nouveau mandat, il y a peut-être une certaine crainte inavouée de ces masses anonymes, qui n’ont qu’un jour pour exprimer leur opinion et qui peuvent l’exprimer brutalement en mettant d’un seul coup leurs mécontentemens et leurs dégoûts dans un vote de réaction impatiente. C’est qu’en effet, les partis qui ont régné depuis quelques années vont se présenter au pays dans des conditions qui ne laissent pas d’être difficiles et qui sont bien leur œuvre, dont ils ont la responsabilité ; ils vont cette fois tenter la fortune électorale avec ce dangereux cortège des questions compromettantes qu’ils ont soulevées, des dépenses démesurées dont ils ont chargé le budget, des déficits qu’ils ont accu-