instant entre les habitudes paisibles, laborieuses, modérées de la masse de la nation et la politique de fantaisie agitatrice que les partis prétendent pratiquer en son nom. Depuis quelques années, par un faux calcul de parti et de popularité, on a cru pouvoir se permettre d’abuser du crédit publie sous toutes les formes, d’emprunter en pleine paix plus qu’il n’a fallu emprunter il y a quatorze ans pour payer la cruelle rançon d’une guerre désastreuse : est-ce que c’est la France économe et prévoyante qui a réclamé, encouragé ce système de prodigalités fastueuses dont elle souffre aujourd’hui, dont le dernier mot est le déficit, avec la perspective de nouveaux impôts ? — Depuis qu’ils sont au pouvoir, les républicains ont engagé, tantôt à propos du budget des cultes, tantôt à propos d’une loi d’enseignement, quelquefois même à l’occasion d’une loi municipale, et au besoin, à propos de rien, la plus étrange guerre contre les croyances et les traditions religieuses d’une grande partie de la nation française ; ils ont tout simplement obéi à l’esprit de secte le plus étroit, le plus vulgairement fanatique, le plus contraire à toute idée libérale, et le dernier mot du système a été de faire d’un grand traité de paix, du concordat, un instrument de persécution haineuse et puérile. Est-ce donc que le pays, qu’on invoque toujours, ait été l’inspirateur de cette triste politique, qu’il s’associe, par ses idées, par ses instincts, à cette guerre aux évêques, aux chanoines, aux séminaires, au prêtre dans son ministère, au catéchisme dans les écoles ? Il a tout au plus laissé faire, il subit des lois auxquelles il échappe par la force des mœurs, qui, en définitive, sont inapplicables et le plus souvent inappliquées. La France n’est point cléricale, c’est entendu, elle a encore moins le fanatisme de l’irréligion : elle demande qu’on lui laisse la paix religieuse ! On se doute bien parfois de ces sentimens réels du pays, et la meilleure preuve, c’est ce qui se passe tous les jours, c’est cette sorte d’hésitation qu’éprouvent, que laissent voir beaucoup de républicains à l’approche des élections. Malgré les passions de secte qui les dominent et le plus souvent les entraînent, ils sentent la nécessité de ne pas aller trop loin à la veille du scrutin, de ne pas trop choquer un certain instinct public, de racheter ce qu’ils ont fait par quelques concessions. Ils ne veulent pas surtout qu’on dise qu’ils font la guerre à la religion !
L’autre jour, M. le ministre de l’instruction publique et des cultes a demandé à la chambre de rétablir pour de vieux chanoines une dotation qui avait été supprimée, et la chambre s’est exécutée ; elle a rétabli la dotation malgré la commission du budget représentée par son rapporteur général, M. Jules Roche, qui se charge de combler tous les déficits avec des économies sur les chanoines et sur quelques pauvres desservans. Une fois engagé, le ministre des cultes, M. Goblet, a livré une autre bataille ; il s’est honoré en demandant résolument pour le clergé d’Afrique un crédit qui avait été également refusé, et il n’a