Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 70.djvu/802

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LES
COMMENCEMENS DU PAYSAGE
DANS L’ART FLAMAND

Les questions d’origine sont devenues pour nous, dans tout ordre de recherches, l’objet d’une curiosité bien légitime. En ce qui touche les arts, ces questions sont particulièrement délicates et compliquées. Si, jusqu’au commencement de ce siècle, la critique y était restée assez indifférente, il semble qu’aujourd’hui une réaction, peut-être excessive, se soit produite. Les œuvres des périodes de décadence, sans doute trop prisées autrefois, sont désormais délaissées pour des productions dont la naïveté et la force étaient naguère encore entièrement méconnues. On aime à remonter le cours des âges, à surprendre, jusque dans ses tâtonnemens les plus incertains, les promesses d’un art qui cherche ainsi sa voie, et à démêler, parmi tant d’influences qui ont pu agir sur lui, celles qui ont favorisé ou retardé son développement.

Parmi tous les problèmes de ce genre que présente l’histoire de la peinture, il n’en est guère de plus intéressant que celui de l’apparition des Van Eyck et de la perfection, — restée jusqu’à ces derniers temps si inexplicable, — de leurs œuvres. L’éclosion et l’épanouissement d’un art aussi accompli étaient bien faits pour surprendre ceux qui hésitent à voir, dans les manifestations de l’activité humaine, ces brusques écarts et ces transformations instantanées dont les lois de la nature ne nous offrent jamais l’exemple. Avec les publications de M. de Laborde sur les Ducs de Bourgogne, et de MM. Growe et Cavalcaselle sur les Anciens Peintres flamands,