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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 71.djvu/186

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LES
FINANCES ITALIENNES

L’Italie recueille depuis quelques années les fruits d’une politique financière poursuivie pendant un quart de siècle avec une sage et prudente ténacité, s’avançant résolument, mais patiemment, d’étape en étape, arrivée aujourd’hui, sinon à l’apogée, du moins très près des résultats entrevus et visés dès l’origine. La jeune nation, à peine sortie des événemens révolutionnaires qui venaient de fonder son unité, avait à lutter en 1866 contre l’Autriche. Quand sonna l’heure de cette crise décisive, les ressources financières du royaume étaient bien faibles, son crédit bien mal assuré. Le 5 pour 100 italien valut à ce moment 36 francs à la Bourse de Paris. On croyait à peine à la possibilité, pour cet état formé de la veille, pauvre, accablé de charges, écrasé de déficits, de s’élever jamais au rang des nations solvables. Aujourd’hui le 5 pour 100 italien est coté presque au pair, et ce simple rapprochement, dans son éloquente brièveté, met en un puissant relief l’importance des progrès politiques et financiers accomplis par la nation italienne dans le court espace de moins de vingt années. Le crédit a été, de tout temps, l’une des principales forces des nations. Cette vérité ne s’est pas affaiblie à notre époque ; au contraire. Telle puissance redoutable par le nombre de ses soldats se voit constamment arrêtée par la question d’argent. Telle autre dont les armées sont peu nombreuses emprunte une grande partie de son influence à ses facilités de crédit. L’Italie dispose à la fois d’un bon crédit et d’une armée des plus