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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 71.djvu/583

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ordinaires et moyennes, à plus forte raison sur un fermage médiocre. Cette thèse n’est pas tout à fait une nouveauté, elle ne saurait être, par conséquent, imputée à une réaction passagère. Elle a toujours trouvé une minorité restreinte pour la soutenir parmi les membres des sociétés agricoles et même dans l’enseignement agronomique officiel à un moment où les tendances sociales et politiques auraient le plus éloigné ces écoles de sembler faire du métayage une sorte de doctrine d’état. Il y a longtemps que l’honorable doyen de l’enseignement agricole, le directeur de l’école d’agriculture de Grandjouan, M. Jules Rieffel, a défendu cette opinion et l’a fait reposer sur des calculs positifs, empruntés au centre et à l’ouest de la France; mais la manière dont ils sont établis, indépendante en partie des circonstances régionales, permet de leur attribuer une portée plus grande. Le savant agronome opérait sur une étendue assez considérable de pays et pour des sols de toute nature, et il constatait une rente de 25 francs par hectare avec le fermage, de 30 avec l’exploitation directe, de h0 avec le métayage ; celle-ci allait jusqu’à 50 et 60 pour les bonnes terres, et même atteignait exceptionnellement à 100 francs, chiffre qu’on trouve consigné dans les rapports sur les primes d’honneur. Or, si tel était, il y a environ vingt-cinq ans, l’effet d’une association intelligente et active, dans laquelle mettaient un apport convenable les deux parties contractantes, le métayage a montré surtout depuis lors mieux encore qu’il est compatible avec tous les progrès dans les diverses branches de la production agricole. Il a tiré une source de revenus à un degré presque imprévu de l’élevage et de l’engraissement du bétail. L’enquête nous en donne plus d’une preuve vraiment remarquable. Il en résulte que ce régime, frappé, disait-on, d’une infériorité irrémédiable, a cessé d’être considéré par d’excellens esprits comme un simple pis-aller. L’opinion qu’il vaut par lui-même trouve aujourd’hui des partisans déclarés parmi les intelligences les plus ouvertes à la théorie, naguère si partiale en faveur du fermage à rente fixe. C’est en termes généraux que M. Lecouteux, par exemple, y signale « un des meilleurs types d’organisation rurale, un des moyens les plus sérieux d’améliorer la terre en améliorant la situation de ceux qui l’exploitent. » Langage qui aurait paru presque scandaleux dans des temps qui ne sont pas éloignés. Signalons un indice de ce retour en faveur de la puissance productive du métayage dans une enquête à laquelle s’est livrée la Société nationale d’agriculture de France. Si telle partie du métayage existant a pu y devenir l’objet de critiques trop souvent fondées, le régime en lui-même a paru viable, nullement entaché de vices rédhibitoires. Les meilleurs juges l’ont regardé comme digne d’être encouragé, et personne n’a avancé