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La Mayenne, l’Anjou, la Sarthe, sont des pays d’agriculture avancée en général. Le métayage en occupe des parties étendues, souvent les mieux cultivées ; il est dans la Mayenne de 53 pour 100. L’arrondissement le plus riche, celui de Château-Gontier, appartient, comme celui de Laval, en grande partie à ce mode d’exploitation. Les propriétaires de la Mayenne s’occupent de leurs domaines, et ceux qui les négligeaient sont obligés, en assez grand nombre du moins, d’y reporter leur vigilance. Le métayage a eu sa part considérable dans les perfectionnemens agricoles de ce département, transformé par les voies de communication et par l’emploi de la chaux. Un des déposans, M. Lebreton, s’est attaché à faire ressortir cette participation au progrès de l’exploitation à mi-fruits dans un écrit spécial qu’a couronné la Société des agriculteurs. C’est une étude d’un caractère tout expérimental qui ne fait au reste que développer ce que M. de Falloux avait déjà démontré avec éclat par la pratique. Si l’on ne peut que renvoyer aux tableaux de comptabilité destinés à démontrer la supériorité au moins possible de la culture à métayers, il n’est pas mutile de signaler quelques faits, empruntés à cet instructif parallèle relativement à certaines acquisitions agricoles. C’est ainsi que l’ancienne race bovine, mal conformée et qui donnait peu de lait, a été remplacée par la race des Durham-Manceaux, vigoureusement constituée et particulièrement apte à un engraissement précoce. Supposez que l’exemple soit venu de propriétaires riches faisant valoir sans métayers, il aurait été plus lentement et plus difficilement suivi : soit qu’on les eût accusés de céder à des théories, soit qu’on leur eût laissé la responsabilité d’expériences coûteuses, peu accessibles à de modestes cultivateurs. Les fermiers besogneux redoutent aussi ces expériences, et, en fait, ils ont montré peu d’empressement pour les croisemens Durham. D’où vient que les métayers, qui passent pour plus timides, ont réalisé ce que les fermiers leurs voisins hésitaient à faire? C’est grâce à l’intervention des propriétaires, à leurs conseils réitérés, à leurs sacrifices pécuniaires. Les fermiers ont suivi seulement leur exemple. Cette sorte de paradoxe d’un métayage plus progressif que le bail à rente fixe se soutient par d’autres perfectionnemens agricoles, comme la substitution successive des rouleaux de bois aux anciens fléaux, et des machines à battre aux rouleaux, comme l’introduction des charrues Brabant double soc, comme, en ce moment même, l’application en une certaine mesure des engrais chimiques complémentaires du fumier, dont le métayage prend, paraît-il, la principale initiative.

On fait remarquer de même que la question du capital d’exploitation se résout d’une manière plus convenable qu’avec le fermage