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Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 71.djvu/588

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des terrains viticoles. Enfin, le métayage est en infériorité dans l’Aude; dans le Midi central, Hérault, Aveyron, Lozère, Gard, Ardèche, il marche de pair avec le fermage, tandis que, dans le Tarn, contre 1,700 fermiers on compte 9,300 métayers. Nous ne voulons nous attacher qu’à la conclusion, et nous citerons les termes mêmes de M. de Tourdonnet : « Ce qu’il y a de particulièrement caractéristique, c’est que, des Alpes à l’océan, de la Méditerranée et des Pyrénées à la chaîne des Cévennes, dans cette immense région, si variée dans sa température et ses produits, le métayage garde partout et toujours, comme dans le centre et dans l’Ouest, la physionomie qui lui est propre. Quelles que soient les cultures qu’on lui impose, il s’accommode des usages locaux et des exigences des propriétaires, des oppositions de sol, de climat et de production, il s’assouplit aux nécessités les plus impérieuses comme il se prête, par son principe même, aux découvertes les plus nouvelles de la science, pouvant devenir sans transition, aux mains de qui sait s’en servir, le canal le plus fécond du progrès agricole. C’est ce qui ressort de tous les documens fournis par l’enquête. » Nous nous garderons de contredire à ce jugement qui formule si nettement une approbation générale; nous le croyons seulement un peu optimiste appliqué à l’état actuel, et nous indiquerons les points sur lesquels peuvent porter les améliorations à introduire.

III.

Rien ne dispense de l’initiative individuelle, et nulle part l’impuissance des combinaisons législatives n’éclate plus que dans l’organisation agricole. Les réformes ne naissent pas par décret; mais on peut indiquer les moyens que le temps est destiné à développer. Pour mettre cette antique institution du métayage en rapport complet avec les nécessités présentes, on doit faire appel avant tout aux parties intéressées et, secondairement, à la législation. D’une part, la liberté est l’essence même de ce contrat éminemment élastique, et, d’autre part, il obéit à des conditions générales qui dérivent de la nature même des choses. Rien ne peut s’y faire sans le consentement mutuel et sans le concours actif des intéressés. Les réformes législatives consistent elles-mêmes à faire tomber des obstacles existans, et non à dicter des clauses aux parties. Ces clauses sont d’ailleurs contenues dans les usages ruraux de chaque province, et il appartient plus à la volonté individuelle de les modifier qu’à la législation générale. La nature du mal, en ce qu’il a de plus étendu, indique celle du remède. Ce mal, c’est l’abandon de l’institution elle-même par la double faute des propriétaires et