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PROMENADES ARCHEOLOGIQUES

ENEE EN SICILE.

Je croyais en avoir fini avec Énée ; je l’avais conduit pas à pas d’Ostie à Laurente, assistant à ses derniers combats, et je ne m’étais séparé de lui qu’après l’avoir vu vainqueur de Turnus, maître de Lavinie, et près d’établir pour jamais ses dieux sur la terre italienne[1]. Voici qu’une gracieuse invitation me ramène en arrière. Avant d’aborder dans le Latium, qui était le terme de ses destinées, le héros troyen avait séjourné deux fois en Sicile. On m’a engagé, quoique j’eusse pris congé de lui, à l’accompagner dans cette autre aventure. L’offre était séduisante : je n’y ai pas résisté. Mettons-nous donc de nouveau à la suite de Virgile. Le pays où il va nous conduire est l’un des plus beaux du monde, et nous aurons un plaisir particulier à le parcourir avec lui.


I

Le biographe de Virgile nous raconte qu’il aimait beaucoup la Campanie et la Sicile et qu’il y demeurait volontiers. Comme il était né au pied des Alpes, dans un pays où les hivers sont quelquefois pluvieux et rudes, il éprouvait sans doute cette sorte d’instinct qui pousse les gens du Nord vers les contrées du Midi. Peut-être aussi trouvait-il que sa santé, qui fut toujours mauvaise, s’accommodait mieux des climats chauds. Il ne se plaisait pas à Rome et n’y restait guère, quoiqu’il y possédât une maison sur l’Esquilin,

  1. Voici la Revue du 15 septembre 1883, du 1er  et du 15 décembre 1884.