Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 72.djvu/664

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les Hovas, d’un autre côté, se refusent obstinément, à la cession de cette contrée, par le motif, disent-ils, que leur hégémonie sur les Sakalaves du Bouéni ne leur a été acquise qu’à la suite de longs efforts et au prix des plus durs sacrifices, et que leur acquiescement à cette condition de paix ruinerait à tout jamais le prestige dont ils jouissent aux yeux des autres indigènes. Dans cette situation, et en vue de mettre fin à un conflit qui ne s’est que trop prolongé, nous proposerions de modifier, sur ce point, les conditions de paix à imposer aux Hovas, en leur offrant de renoncer à la revendication de ce territoire, à la condition d’obtenir d’eux, en échange, la cession en toute souveraineté de la pointe nord de l’île, avec la haie de Diego Suarez. Les Hovas, qui opposent un refus péremptoire à nos demandes actuelles, n’éprouveraient sans doute pas la même répugnance à se dessaisir d’une partie de leur domaine si éloignée de leur centre d’action, et nous trouverions dans cette acquisition des avantages que ne nous aurait certainement pas offerts la zone du littoral nord-ouest que nous leur réclamons.

La baie de Diego Suarez, actuellement occupée par nos troupes, et qui s’ouvre sur le côté oriental de l’île, a été comparée, pour son étendue et la sécurité qu’elle présente, à la baie de Rio-de-Janeiro. En cas de guerre maritime, très facile à défendre, elle pourrait servir de lieu de refuge pour nos navires, et, en tout temps, de lieu de ravitaillement pour notre marine de guerre. De magnifiques forêts, dont les essences offrent le plus de ressources pour les constructions navales, viennent mourir sur les rivages mêmes de la baie, qui contient cinq grands ports parfaitement abrités ; l’eau douce y est suffisamment abondante, et les terres qui la bordent sont susceptibles de toutes les cultures qu’on jugera à propos d’y introduire. D’après les rapports des marins du commerce qui l’ont fréquentée, on n’aurait pas à y craindre l’insalubrité qui règne sur les autres parties du littoral, mais il conviendrait de n’accueillir cette affirmation qu’avec une prudente réserve, nos marins n’ayant pas fait l’expérience de l’influence qu’aurait exercée sur leur santé un séjour quelque peu prolongé à terre : les rapporte des officiers du corps de santé attachés à notre corps expéditionnaire doivent, du reste, avoir aujourd’hui élucidé cette question.

Sur le côté occidental de l’île, à peu près à la hauteur de la haie que nous venons de décrire, se trouve une autre baie, dite Ambavanibé ou port Liverpool. Ces deux ports naturels resserrent tellement la partie nord de Madagascar, qu’ils ne sont séparés l’un de l’autre que par un isthme large de 8 kilomètres, et que la partie de l’île qui s’étend de cet isthme au cap d’Ambre forme une presqu’île parfaitement isolée, d’une superficie de 20 kilomètres de long sur 18 de large : cette presqu’île pourrait être mise à l’abri de toute