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REVUE DRAMATIQUE

Vaudeville ; Georgette, comédie en 1 actes, de M. Victorien Sardou. — Comédie-Française : Socrate et sa Femme, comédie en 1 acte, en vers, de M. Théodore de Banville.

L’Impasse, ou le Pour et le Contre, c’est le sous-titre qui siérait à la nouvelle comédie de M. Sardou, Georgette. Un homme d’honneur épouse-t-il, oui ou non, la fille irréprochable d’une courtisane ? Tel est le cas de conscience porté devant le public du Vaudeville par l’auteur d’Odette : il l’expose avec la même impartialité dont il fit preuve dans son Daniel Rochat.

La question, pour quiconque a suivi, depuis une trentaine d’années, le train du théâtre et du roman, n’est pas imprévue : maint docteur y a répondu par avance plus ou moins expressément. « Parbleu ! déclare M. Dumas, votre homme d’honneur épousera cette fille, s’il l’aime. Voyez André de Bardannes : il répare la faute de Denise, qui est personnelle ; à plus forte raison pardonnerait-il une honte héréditaire. Et voulez-vous savoir toute ma pensée ? Non-seulement votre héros peut épouser votre héroïne, mais il le doit ; il acquittera ainsi envers elle une dette de la société dont il est membre ; il compensera le tort d’un autre homme dont il est solidaire : voyez Camille Aubray ! » M. Albert Delpit, à son tour : « J’ai marié le fils de Coralie ; a-t-elle une fille, à présent ? Je ne ferai pas plus de difficultés pour l’établir. Épousez, épousez ! On prétendra que, chez une fille plus que chez un fils, la mère étant une drôlesse, il est à craindre que les effets de l’hérédité ou d’une éducation peu sincère ne se déclarent un jour ; jugement superficiel ! Les risques sont les mêmes ; si le garçon fut bon à prendre, sa sœur l’est aussi. On objectera qu’un homme a proprement sa valeur sociale, et qu’une fille l’emprunte de son origine :