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aux prix respectables de 1,300, 1,500 et même 2,500 francs. Quant à la valeur historique de leurs estampes, elle est considérable, à en croire les juges compétens. Le Colloque de Poissy, le Massacre de Vassy, la Bataille de Dreux, l’Exécution de Poltrot de Méré, la Bataille de Moncontour, ce sont en effet des scènes historiques dont on ne saurait être trop curieux de voir comment les contemporains se les sont eux-mêmes représentées. Et si nous ajoutons que chacune de ces gravures est accompagnée d’une notice due à quelques-uns de nos plus savans érudits, MM. Jules Bonnet, Alfred Franklin, Ludovic Lalanne, Michel Nicolas, Albert Réville, C. Dareste, vicomte Delaborde, on considérera sans doute qu’en réimprimant ce recueil, M. Alf. Franklin, qui l’a dirigé, et M. Fischbacher, qui l’a exécuté, ont rendu un éminent service non-seulement aux amateurs d’estampes, mais encore à l’histoire de France.

Nous mettrons enfin terme à cette longue énumération avec le Cantique des cantiques[1], illustré par M. Bida. Plus d’une fois déjà nous avons loué les compositions de M. Bida, — pour le livre de Ruth, pour le livre de Tobie, pour le livre d’Esther, — mais nous ne croyons pas nous tromper en disant que celles qu’il a trouvées pour le Cantique des cantiques sont encore plus heureuses, d’un sentiment plus juste et d’un accent plus vrai. C’est bien l’idylle biblique dans sa simplicité primitive, telle que M. Renan, dont on a suivi la traduction, l’a jadis dégagée des interprétations mystiques en même temps que des commentaires grossiers de l’école de Voltaire. Point de raffinemens de spiritualité dans les compositions de M. Bida, nulle intention de symbolisme ; il me semble inutile d’ajouter : aucun excès de réalisme ; mais de la sobriété, de la grâce, une certaine grâce presque sévère, ou à tout le moins agreste, plus de sévérité dans les huit grandes planches, plus de grâce et de distinction dans la composition des seize gravures qui ornent la première lettre des seize divisions du texte. Avec une des publications que nous avons plus haut citées, et que nous ne voulons pas autrement désigner, afin que chaque éditeur ait le droit de croire qu’elle sort de chez lui, le Cantique des cantiques, traduit par M. Renan et illustré par M. Bida, est le plus beau livre à gravures de l’année 1885.


F. B.

  1. Hachette, éditeur.