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Ofeikof, une intéressante étude, où je trouve les chiffres suivans fondés sur les relevés faits par les dignitaires de l’église orthodoxe et ne comprenant, par conséquent, que les chrétiens : Slaves du rite oriental, 181,000 familles ou 905,000 âmes ; Grecs et Valaques, 20,300 familles ou 101,500 âmes. Je trouve dans le journal croate la Sloboda, point hostile aux Serbes, puisqu’il est de même race, la statistique suivante, empruntée à l’ouvrage du géographe allemand Ritter : 1,124,288 Bulgares, 360,626 musulmans. Turcs et Pomaks, ceux-ci Bulgares, 422,359 Serbes, Albanais et Valaques, 59,833 Grecs.

Voici, en tout cas, comment se distribuent les différentes nationalités. La lisière ouest de la Macédoine jusqu’au-delà de la Drin et de Prisrend est occupée par les Albanais. Au-delà, vers l’est et à partir d’Ochrida, commencent les Bulgares, mais d’abord entremêlés d’Amantes et de Valaques Tzintzares, jusque vers la ligne du chemin de fer Salonique-Mitrovitza. Vers la pointe nord, dans la vieille Serbie, dominent les Serbes, mais aussi avec un certain nombre d’Arnautes. Tout le centre et l’est de la province est habité par les Bulgares, qui s’avancent jusque près de Salonique et au delà de Seres. Les Grecs possèdent les côtes de la mer et forment, dans la plupart des villes, un élément important, parce qu’ils ont plus d’instruction et plus de relations avec l’étranger. La capitale, Salonique, est plutôt une ville juive, et la plupart des Grecs qui y sont établis sont d’origine tzintzare. Les Valaques se rencontrent en masse compacte dans les montagnes du Pinde et dans le vilayet de Monastir. d’après les auteurs les mieux renseignés : Reclus, Kiepert, Ubicini, Lejean, Crousse, la grande majorité des habitans de. la Macédoine sont Bulgares. Déjà, au XIIe siècle, à l’époque de la domination byzantine, Guillaume de Tyr disait : « La nation bulgare occupe tout l’espace allant du Danube à l’Adriatique et à Constantinople, en sorte que tout ce pays, sur une largeur de dix jours de marche et une longueur de trente jours, est appelé Bulgarie. » Lejean, dont l’Ethnographie de la Turquie d’Europe fait encore autorité, s’exprime presque dans le même sens : « En Macédoine, les Bulgares ont à peu près tout pris, et leur masse a, peu à peu, refoulé les Hellènes vers la mer. Du Strymon à la Maritza, la zone hellénique n’est qu’une bande très étroite, habitée par des marins et des pêcheurs, tandis que le Bulgare, essentiellement agriculteur, occupe les hauteurs qui dominent le littoral. » Ce qui confirme cette appréciation, c’est l’étymologie des noms de villages, dont les sept huitièmes dérivent de racines bulgares. En Roumélie, la proportion des noms turcs est beaucoup plus considérable. d’après les statistiques les plus favorables aux Grecs, ceux-ci ne forment pas le dixième de la population. Comment peut-on s’imaginer à Athènes