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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 73.djvu/457

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réchauffée, pour une décoration de fête en plein air, par les lanternes vénitiennes pendues aux arbres, intéressante à considérer quand elle adoucit les plans avancés et relève d’ombres vigoureuses les colonnades et les saillies de quelque palais, ne résout que d’une façon imparfaite le problème de l’éclairage public. Elle est à la fois aveuglante et boréale. On fera mieux, on est en train. Néanmoins, on vient de donner à une compagnie la concession de l’éclairage au gaz, et plusieurs grands établissemens, que l’électricité ne satisfaisait point, se sont mis à fabriquer le gaz pour leur compte. Le théâtre est éclairé à la lumière électrique, au moyen de dispositions provisoires comme l’édifice lui-même!

La distribution d’eau est conçue dans les idées de simplicité et de rapidité d’exécution qui ont présidé à tout le reste. On a profité, pour l’établir, d’une nappe qui règne sous la plus grande partie de la province et dont les eaux, lorsque pour les atteindre on pousse un forage à travers les marnes aquifères supérieures, où sont creusés les puits ordinaires, s’élèvent à peu près au niveau de ceux-ci. Elles ne sont pas artésiennes, en ce sens qu'elles n’arrivent pas au jour, mais remontent d’une vingtaine de mètres dans le trou de sonde. Cette nappe est absolument inépuisable, c’est un fleuve immense coulant dans les profondeurs du sol. L’eau en est d’une limpidité extraordinaire. Elle est préservée de tout mélange par une mince couche d’argile bleue d’une vingtaine de centimètres qui lute le dessus du vaste bassin qui la contient. Son seul défaut est d’être trop pure : tamisée durant son long voyage souterrain par des sables siliceux, elle manque de sels calcaires. On s’est contenté d’élever le liquide au moyen de fortes machines dans un petit réservoir en tôle : c’est un simple régulateur de pression posé sur colonnes et établi sur le point culminant de la ville. Il se répand de là dans toute la conduite. Chaque maison, moyennant une faible redevance, a de l’eau à discrétion.

Les travaux d’égout sont à peine commencés, mais ils le sont. Ce sera la première ville sud-américaine où l’on n’ait pas attendu, pour les entreprendre, les avertissemens de la peste. Le principe adopté est celui de « tout à l’égout, » en donnant à celui-ci de petites dimensions, de fortes pentes, et en distribuant l’eau assez libéralement pour être complètement assuré de la dilution des matières qui ont à le traverser. Les eaux vannes, disait le décret qui, dès 1882, traçait leur programme aux ingénieur chargés des études, pourront être ou rejetées dans le fleuve ou employées à l’irrigation. A Buenos-Ayres, c’est la première idée qui a été suivie; à La Plata, c’est la seconde qui a prévalu. Voilà encore un problème fort discuté ailleurs et ici attaqué de front.

Il n’a été jusqu'à présent question que d’installations matérielles.