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recourir à toutes sortes d’emprunts indirects, pourquoi ne pas aborder le problème en face et ne pas se résigner à un grand emprunt de liquidation qui remettrait toutes choses en place et en ordre ? La preuve des embarras momentanés du Trésor a été donnée le 18 courant par l’élévation du taux d’intérêt des bons du Trésor à 3 pour 100 pour un an. Mais le marché ne s’en est pas inquiété. Le ministre des finances a trouvé sans peine des fonds à 3 pour 100, comme l’indique le dernier bilan de la Banque de France au chapitre du compte courant du Trésor. Il n’y a donc pas en embarras au sens propre du mot, ou du moins l’embarras a été passager. Le fait capital de la situation est toujours l’abondance très grande des capitaux disponibles, la faveur presque exclusive dont jouissent les rentes et les obligations de chemin de fer, de la Ville et du Crédit foncier, le désarroi croissant du découvert devant l’évanouissement de tous les calculs fondés sur les crises ministérielles, les difficultés parlementaires, et les guerres dans l’extrême Orient, enfin, le retour d’une grande aisance sur le marché anglais des capitaux, signalé par l’abaissement à 3 pour 100 (21 janvier) du taux de l’escompte à la Banque d’Angleterre.

L’Italien ne tardera pas à atteindre le cours de 98 francs, coupon semestriel détaché. L’exposé financier, fait le 21 courant à la chambre des députés d’Italie par le ministre des finances, a produit une bonne impression. Le budget de 1884-85 se solde par une plus-value de 37 millions sur les prévisions ; il n’a donc pas été nécessaire de recourir aux moyens extraordinaires autorisés par le parlement pour faire face aux dépenses ultra-extraordinaires. L’exercice 1885-86 se présente d’une façon exceptionnelle, résultant de diverses aggravations transitoires, outre celles qui proviennent de l’application des conventions de chemins de fer. On pourvoira à ces dépenses ultra-extraordinaires, s’élevant à 40 millions, par les moyens déjà votés par le parlement. Le budget de 1886-87, au contraire, rentre dans l’état normal et présente 46 millions d’augmentation sur les recettes et 9 millions de diminution sur les dépenses.

Après les rentes et l’Italien, le Suez est la valeur qui a le plus occupé la spéculation. L’action avait dépassé 2,200 avant le paiement du dernier coupon. Ce coupon n’est pas encore regagné, et le Suez a oscillé de 2,195 à 2,160 pendant toute la quinzaine. Il est probable que le cours de 2,200 sera promptement atteint après la réponse des primes. Les recettes se maintiennent satisfaisantes. Le départ de M. de Lesseps pour l’isthme a relevé les cours du Panama, que l’approche du versement à opérer (en février) avait de nouveau dépréciés. Les cours extrêmes ont été 392 et 406 ; les plus hauts sont les plus récens.

Il n’y a toujours rien à dire du marché des titres des établissemens de crédit, morne et délaissé. Le Crédit foncier s’est tenu très ferme,