Nouvelles-Hébrides et aux îles Salomon. Après le crime, ceux qui l'ont commis se rendent à leur village en battant du tam-tam, et annoncent qu'ils ont tué un homme blanc. La nouvelle est aussitôt répandue dans le pays. »
Tous les capitaines de bâtimens recruteurs et tous les agens du gouvernement (de Queensland) sont munis d’une lettre imprimée qui définit leurs droits et leurs obligations. « Ces instructions, continue le capitaine Moor, restent évidemment à l’état de lettre morte. Quand l’officier d’une croisière en exige la production, les capitaines sourient de cette demande comme d’une plaisanterie de bureaucrate, ou bien ils montrent un exemplaire usé, dont ils ont eu soin d’effacer les clauses principales, à savoir : 1° que le travailleur s’engagera de sa propre volonté ; 2° qu'aucun cadeau, trade, ne sera fait à ceux qui fournissent les recrues. Quand on leur demande des explications, ils répondent : « Si je me conformais à cet ordre, je rentrerais avec mon bâtiment vide. » Et c'est la vérité. « Mais j'ose soutenir, continue le capitaine Moor, que si les travailleurs ne peuvent être engagés d’une manière conforme à la loi, le recrutement se fait dans des conditions incompatibles avec l’honneur du pavillon anglais. »
La situation des agens du gouvernement, si ce sont d’honnêtes gens, est des plus pénibles. d’une part, l’agent est lié par des ordres du ministère de Brisbane, qu'il lui est impossible d’exécuter; il est vrai que le gouvernement n’examine pas sa conduite très rigoureusement, pourvu que les travailleurs arrivent en proportion du besoin. d’autre part, l’agent est à la merci du capitaine du bâtiment auquel il est affiché. « Ce n’est pas lui, dit le capitaine Moor, c'est le patron du bâtiment qui choisit le théâtre de ses opérations. L'agent sait peut-être que la localité est dangereuse, qu'on sera obligé d’y faire le coup de feu. Cependant, comme ses instructions lui prescrivent de favoriser les opérations du capitaine, il se borne à empêcher des irrégularités. s’il y a des incidens fâcheux, on tâche de les passer sous silence, la prétention des capitaines étant d’avoir retiré de la plage leurs embarcations gaillardement, et d’avoir accompli une tâche difficile. Mais peu d’entre eux peuvent nier qu'ils ne se trouvent au moins deux fois par voyage dans le cas d’inscrire sur leur journal : « Indigènes derrière arbres, tiré sur embarcation. Répondu feu. Résultat de notre feu inconnu. Joe ou Jim ou quelque autre indigène de l’équipage tué. Enterré en eau profonde. » Je me contente de citer quelques cas où l’on a fait le coup de feu. j’en connais beaucoup d’autres. Les indigènes tirent sur tout bateau envoyé à terre, principalement pour s’emparer des fusils et autres articles destinés au paiement des recrues. »
Le fusil joue un grand rôle dans ces transactions. Il commence