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légion de Salm tournent pendant l’affaire aux cris de : « Vive Frédéric-Guillaume ! »

Le même jour avait lieu une attaque plus considérable contre la position d’Amstelveen, qui couvrait le centre de la ville. A cinq heures du matin, sur un signal donné par trois coups de canon, les troupes prussiennes se mettaient en marche sous le commandement du duc de Brunswick. Il devait lui-même aborder Amstelveen de front. Une autre division le prendrait sur les derrières : sept batteries placées sur des ponts différens ouvrirent aussitôt un feu nourri auquel les Hollandais répondirent par de nombreuses décharges. Les chasseurs, sur l’ordre du duc, qui, après les avoir suivis, se mettait bientôt à leur tête, se jetaient avec impétuosité sur les palissades des premiers retranchemens, qu’ils emportaient après une courte résistance. Le colonel de Porte, qui défendait Amstelveen, arrêtait leur élan par le tir serré de ses pièces. Le duc de Brunswick fit avancer une batterie pour soutenir l’attaque. Sous sa protection, le village fut emporté ; mais le colonel de Porte tenait toujours, encourageant ses hommes par une bravoure héroïque, empêchant par tous les moyens la marche en avant de son adversaire. Pour réduire l’artillerie ennemie au silence, il avait fait traîner ses canons sur le haut du rempart. Les troupes prussiennes ne reculèrent pas Pendant cinq heures, elles restèrent en place, fermes et impassibles sous le feu des patriotes. Les officiers donnaient l’exemple de l’indifférence. Le prince d’Anhalt ne bougeait pas du point le plus exposé aux balles ; les soldats riaient du danger et voyaient tomber leurs camarades sans sourciller. Un homme a l’œil crevé : il ne se trouble point : « Le mal n’est pas grand, dit-il ; il n’était déjà pas si bon.» Il court faire panser sa blessure et revient prendre son poste. Cependant le duc de Brunswick attendait avec impatience le signal qui devait lui apprendre le succès du mouvement tournant, et n’était pas sans inquiétude sur l’issue de cette manœuvre. La division qui devait l’exécuter avait rencontré, elle aussi, une résistance sérieuse. Les habitans de la région soulevés contre l’envahisseur avaient joint leurs efforts à ceux des patriotes. Les Prussiens, plusieurs fois repoussés, avaient éprouvé des pertes sérieuses, mais leurs forces supérieures devaient enfin l’emporter, tous les postes étaient tombés entre leurs mains. Amstelveen était entouré. Le lieutenant-colonel Gordon, officier anglais, qui accompagnait l’expédition, s’élança aussitôt pour en prévenir le duc. Les hommes du colonel de Porte commençaient à faiblir. Il se retira, suivi de ses artilleurs.

Le duc de Brunswick était maître de toute la contrée entre l’Amstel et le lac d’Haarlem; les principales routes d’Amsterdam