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lui étaient ouvertes. L’avant-garde de l’armée prussienne vint camper à Overtom, à 3 kilomètres d’Amsterdam. La victoire était complète. Amsterdam demanda une nouvelle trêve. Les députés vinrent trouver encore le duc de Brunswick. La ville préparait une résolution donnant pleine satisfaction à la princesse. Une suspension d’armes de trois jours fut accordée. Le 1er octobre, à onze heures du soir, le conseil d’Amsterdam fit connaître ses propositions nouvelles. Il refusait encore de reconnaître la légalité des états de Hollande et la validité des mesures prises depuis le début de l’invasion. La conférence se termina sans amener d’accord. Sir James Harris reprit sa tâche belliqueuse. Brunswick reçut une lettre de Berlin pour lui reprocher sa mollesse et sa facilité. Les mauvaises nouvelles accablaient Amsterdam. La réponse négative de la cour de France venait d’arriver. Avant que la trêve fût expirée, une députation se présenta aux états de Hollande pour s’incliner devant leur légalité au nom d’Amsterdam. Toutes les mesures prises depuis l’entrée des Prussiens étaient approuvées sans condition. Une députation de Leurs Grandes Puissances se rendit aussitôt auprès de la princesse. Les états lui exprimaient leurs profonds regrets de ce qui était arrivé. Ils priaient Son Altesse Royale de bien vouloir indiquer les satisfactions qu’elle exigeait. Sir James Harris, appelé par la princesse, lui conseilla des mesures de rigueur. « Il fallait répandre une atmosphère de terreur autour des principaux factieux, » quitte à ne pas abuser des conditions obtenues. La princesse était toute prête à adopter cette opinion. Elle avait fini par croire elle-même aux outrages dont son frère avait su faire un si bon usage. Elle déclara toutefois ne pas exiger la vie des coupables, mais sans prétendre les garantir contre les châtimens qu’ils pourraient mériter d’ailleurs. Elle demandait qu’on les privât de tout emploi, qu’on les proclamât incapables à jamais de servir la république. Sur une nouvelle question des états, elle dressa elle-même la liste des fauteurs et instigateurs de l’attentat commis envers sa personne. Les commissaires de Woerden y occupaient la première place. « MM. Camerling. van Foreest, Jean de Witt, Block et van Toulon, furent proclamés « démis et destitués à jamais de toutes les places de régence et d’administration, comme ils sont démis et destitués par la présente.» Les principaux membres du conseil d’Amsterdam étaient aussi frappés, ainsi que M. de Gyzelaer. « La cour stathoudérienne, d’après Gaillard, n’avait pas laissé échapper une si belle occasion d’étendre la proscription aux membres les plus distingués du parti républicain. »

Amsterdam pourtant n’avait pas ouvert encore ses portes. La ville répugnait à se soumettre, et ne voulait pas laisser l’ennemi