Deux grandes écoles se partagent, au XVe siècle, l’empire des arts : l’école italienne, ou plus exactement l’école florentine, et l’école flamande. Toutes deux donnent simultanément le signal du mouvement d’affranchissement qui inaugure l’ère nouvelle : l’étude de la réalité, l’étude de la nature (alliée chez les Italiens à l’étude de l’antique), tel est le secret de leur suprématie, tel est le mot d’ordre qui triomphe d’un bout à l’autre de l’Europe, au nord comme au midi, chez les représentans des races latines aussi bien que chez ceux des races germaniques. Aux rêveries ou aux abstractions du moyen âge, les novateurs substituent l’esprit d’observation et l’esprit de recherche, un style essentiellement analytique, quittes parfois à s’élever moins haut ou à frapper moins fort. À ne considérer que l’issue d’une rivalité qui a rempli tout un siècle, on pourrait être tenté d’attribuer aux deux partis une importance inégale. L’école flamande n’a-t-elle pas été conquise, subjuguée, annihilée au siècle suivant par l’influence italienne ? La renaissance classique n’a-t-elle pas pénétré jusque dans les moindres villages des Pays-Bas, naguère si fiers de leur indépendance ? Mais