Eupatrides, qui restera si longtemps maîtresse du gouvernement des cités.
Aux héros qui, nés de dieux et de femmes mortelles, relient le ciel à la terre, se rattachent les démons, dont Hésiode nous a déjà parlé et que nous allons retrouver dans le culte des morts.
A certains égards, les Grecs eurent de bonne heure une idée confuse de la puissance divine, prise en elle-même, indépendamment des personnages qui se partageaient les fonctions surnaturelles. Le Δαίμων (Daimôn) d’Homère, comme le Numen des Latins, n’est pas toujours un être divin particulier ; il correspond à la croyance instinctive en un pouvoir supérieur et indéterminé, qui produit les incidens, tristes ou joyeux, dont les hommes sont surpris sans qu’ils puissent les attribuer à un dieu spécial. Qui souffle à Télémaque, en face de Nestor, les paroles de prudence, ou fait tomber l’arc des mains de Teucer quand il allait frapper Hector ? Qui inspire à Achille son obstination funeste ? De quel démon parlent Andromaque quand, au départ d’Hector, elle sourit à travers ses larmes, et Priam lorsqu’il se rend à la tente d’Achille ? Homère ne le sait pas : c’est une force divine et innomée qui agit en eux. Les philosophes l’appelleront plus tard la Providence, et les indifférens le Hasard ou la Fortune.
Pour Homère, les démons sont donc, quand ce mot ne s’applique pas à un Olympien, une puissance supraterrestre, sans nom et sans forme, qui n’a point de place dans la hiérarchie céleste, mais qui participe de la divinité. Hésiode condense ces souffles divins en personnages réels. Ses démons sont des hommes de l’âge d’or qui ont obtenu l’immortalité et, au nombre « de trois fois dix mille, parcourent, enveloppés d’un nuage, la terre féconde. Zeus a fait d’eux les gardiens de la justice. » Mais, comme ils n’ont point de ces poétiques légendes que tous les héros possèdent, comme ils gardent quelque chose de l’abstraction d’où ils ont été tirés, ils seront moins populaires. « Hésiode, dit Plutarque, a, le premier, clairement établi les quatre classes d’êtres doués de raison qui peuplent l’univers : au sommet, les dieux, puis un grand nombre de bons génies, ensuite les héros ou demi-dieux ; enfin les hommes. » Le besoin d’avoir ce que le christianisme appellera des anges gardiens fera aussi de morts honorés des génies bienfaisans.
Platon fait naître « la parenté de la communauté des mêmes dieux domestiques. » Ces dieux se trouvaient au tombeau des aïeux et au foyer de la maison. Il faut donc ajouter cette religion de la