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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 75.djvu/400

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maintient encore à 95 shillings de 1881 à 1884. Il y a loin de là à cette prétendue baisse de 50 pour 100 qu’on voudrait faire admettre comme générale ; et cependant l’étain vient en grande partie des pays asiatiques, les îles de la Sonde, la presqu’île de Malacca, lesquels sont au régime de l’étalon unique d’argent et qui, par cette raison, d’après ce qu’affirment les théoriciens bimétallistes, voient leurs exportations singulièrement favorisées par la baisse de ce métal. Si l’étain forme une importante exception à cet avilissement des prix dont on se plaint, beaucoup d’autres denrées se trouvent dans le même cas. Le sel, qui est, à coup sûr, d’un usage universel, vaut 12 shillings la tonne à Londres pendant la période 1881-84 contre 11 shillings dans la période 1854-60 et 10 shillings dans celle de 1861 à 1870. Ici l’on constate non-seulement une résistance à la baisse, mais une hausse positive. Le savon a subi à peine une dépréciation de 12 pour 100 de 1854 à 1884, toujours sur le marché de Londres, le plus directement influencé par les conditions de la production universelle. Il en est de même d’un important article de fabrication : les bouteilles, qui se vendent 117 shillings le centner dans la période 1881-84 contre 120 shillings de 1861 à 1870 et 130 shillings de 1854 à 1860. Quoique affecté par la situation de la métallurgie et de la navigation à vapeur, le charbon anglais se tient exactement, comme moyenne annuelle, au même prix (110 deniers la tonne dans les années 1881-84) que dans celles de la période 1854-60 ; il avait notablement haussé, il est vrai, dans l’intervalle. Si maintenant l’on passe aux denrées d’alimentation, on ne retrouve presque plus trace, en dehors du blé, du café et du sucre, de cette fameuse baisse moyenne de 54 pour 100 dont on parle tant. Laissons de côté le vin, dont les progrès du phylloxéra expliquent la hausse ; mais la bière, elle n’est attaquée par aucun insecte. Or elle a considérablement haussé depuis trente ans ; au lieu de 69 shillings le baril anglais, ce qui représentait sa valeur moyenne de 1854 à 1860, on la trouve à 80 shillings de 1881 à 1884. Le beurre n’a pas non plus à redouter les morsures d’un insecte ; il se trouve, en outre, fréquemment falsifié par l’addition de substances étrangères ; cependant le prix moyen de la période 1881-84, à savoir : 103 shillings le centner, est très supérieur à celui de 1854-60 (84 shillings) et égale à peu près le prix moyen de 1861-70 (104 shillings). Il en est de même pour le fromage, de même encore pour les œufs. En regardant attentivement dans la liste des prix, on en découvrirait bien d’autres qui n’ont subi aucune dépréciation depuis un quart de siècle. La viande commence à diminuer sur les marchés dans une proportion d’ailleurs très légère ; mais cela ne date guère que de deux ans, et la moyenne du prix de la viande de bœuf sur le marché de