qu’il ne cache pas du reste, qu’il a avouées lorsqu’il a dit que ces vieilles lois, qui vont n’être plus maintenant que de l’histoire, n’ont jamais été, dans la pensée du gouvernement prussien, que des lois provisoires de combat, des armes politiques.
La vérité est que lorsqu’il présentait et soutenait, il y a treize ou quatorze ans, ces lois de mai, qui organisaient la guerre religieuse, la guerre aux influences cléricales, M. de Bismarck était préoccupé jusqu’à l’obsession de tout ce qui pouvait menacer l’unité encore nouvelle de l’empire, et il croyait voir dans le catholicisme une des formes du particularisme. Il n’a pas tardé à s’apercevoir que toutes ces mesures n’étaient que des vexations sans profit et sans honneur, qu’au lieu de fortifier l’unité de l’empire, on l’affaiblissait en froissant les sentimens des populations catholiques. M. de Bismarck, avec sa sagacité d’homme d’état suivant tous les mouvemens du monde contemporain, a compris que le danger n’était pas là où on le cherchait, qu’il était bien plutôt dans les propagandes anarchistes, dans le socialisme, dans cette agitation qui se trahit partout, et que ce n’était plus le moment de poursuivre la guerre aux influences morales il n’a plus hésité alors, il s’est décidé pour la paix religieuse. Et puis, M. de Bismarck, en homme qui songe à tout, a peut-être fait un dernier calcul. Au moment où nos républicains de Paris engageaient de leur côté, cette guerre d’étroits sectaires contre les croyances religieuses, contre l’église, au risque d’enlever à la France un de ses moyens d’influence dans le monde, le chancelier a trouvé piquant et utile de faire tout le contraire. Il s’est empressé de rétablir la paix, de traiter le pape en puissance amie et respectée, de s’ériger en politique conservateur, — avec la chance de se servir de nos fautes contre nous, contre l’ascendant de la France.
Les grandes questions sommeillent au-delà des Alpes. Ce n’est pas que l’Italie n’ait ses difficultés intérieures, comme bien d’autres ; elle n’a pas, du moins pour le moment, de ces difficultés qui affectent ou menacent l’existence d’un pays : elle a la paix intérieure. Ce n’est pas non plus que l’Italie se désintéresse des affaires du monde ; mais elle semble un peu revenue des ambitions ou des illusions qui l’agitaient il y a quelques années, qui la poussaient à chercher un peu impatiemment une place dans les grandes combinaisons, à avoir, elle aussi, sa politique d’extension coloniale. Elle a peut-être vu qu’elle ne trouvait ni lustre ni profit à se mêler aux prépotens du monde, qu’elle n’a point décidément à espérer beaucoup de ses essais d’intimité avec les uns ou les autres. Elle se borne à rester dans ce qu’on appelle le concert des puissances : alliée de l’Autriche sans enthousiasme, alliée surtout de l’Allemagne, après avoir éprouvé plus d’une fois que M. de Bismarck ne donne son appui que dans la mesure de son intérêt