de porcs assez nombreux ; ce qui, en y joignant le cheptel mort, formé des différentes parties de l’outillage, donne une valeur d’environ 6,000 francs, chiffre assez considérable par comparaison au métayer du nord de la Loire, qui n’a que son travail, ou du moins figure, pour le capital, au plus bas degré de l’échelle. Il est fort heureux que son peu de besoins l’empêche de trop souffrir d’une gêne relative. D’ailleurs, il ne manque pas d’une nourriture saine en quantité suffisante, d’un vêtement, d’un logement et d’un mobilier qui représentent la pauvreté plutôt que la misère ; on est même surpris d’apprendre que ce petit cultivateur de la partie nord d’Indre-et-Loire parvient plus d’une fois, — on nous dit même assez fréquemment, — à réaliser quelques économies. Mais nulle situation n’est plus dépendante; il ne peut acheter ou vendre une tête de bétail sans l’assentiment du propriétaire. Congéable à merci, il est dans la main du maître. La réalité corrige, il est vrai, plus d’une fois ce qu’il y a d’excessif dans cette dépendance. Si, d’un côté, le maître n’a guère coutume de lui donner une direction quelconque et reste le plus souvent étranger à son domaine, circonstance nuisible à la culture, il laisse, par cette abstention, les coudées franches à ce travailleur persévérant et parcimonieux, qui s’en tire à force de labeur. Des métairies de 100 à 200 hectares sont excessives, l’expérience le prouve, et il est dangereux d’aller au-delà de 40 ou 50. Cette limite est la plus habituelle peut-être sur le territoire de Loches, il est certain pourtant qu’elle est souvent aussi dépassée.
Tandis que la rente foncière baisse, que le fermier souffre sur plusieurs points, le salaire de l’ouvrier se maintient, il s’est même encore élevé en Touraine depuis vingt ans : confirmation de la loi économique, qui fait que « la part proportionnelle du travail va toujours augmentant, celle du capital se resserrant davantage.» d’après l’enquête agricole de 1866, le salaire avait déjà presque doublé dans ces campagnes pour les journaliers et pour les domestiques à gages fixes. Les causes de cette élévation étaient, d’après le témoignage unanime, la rareté de la main-d’œuvre attribuée aux grands travaux publics et à l’attraction permanente des villes, devenue plus sensible à mesure que les nouvelles voies de communication en rendent l’accès plus facile. Jeunes garçons dégoûtés du travail des champs et entraînés par l’ambition de devenir commis de magasin ou même pour leur propre compte possesseurs de quelque boutique; jeunes filles séduites par l’attrait d’un travail moins rebutant et moins monotone, et par le genre d’appât qu’offrent les plaisirs des centres populeux, tel était le tableau qui se déroulait dans toutes les dépositions. On peut dire qu’il n’a pas changé et que ces mobiles ont gardé leur puissance dans ce pays tourangeau,