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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 76.djvu/711

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 juillet.

Certes, avec la meilleure volonté, on ne peut pas dire que cette session des chambres françaises, qui vient de se clore il y a quelques jours, ait bien fini, qu’elle laisse la nation satisfaite et confiante, sans préoccupations et sans souci de son avenir. Les ministres en voyage et ceux qui se mettent de leur cortège peuvent seuls le dire ; ils ont leur manière d’écrire l’histoire. Ils nous rappellent invariablement un aimable et spirituel ambassadeur étranger que nous interrogions un jour sur l’état de son pays et qui répondait avec une placidité bienveillante : « Tout va bien ! » Le lendemain, dans ce pays où tout allait si bien, il y avait une révolution. L’optimisme officiel a de ces grâces d’état ! En réalité, cette triste session française, à laquelle M. le président Grévy a mis fin l’autre jour par un décret, avant d’aller se reposer lui-même à l’ombre de ses bois de Mont-sous-Vaudrey, elle avait mal commencé. Elle s’est égarée et épuisée six mois durant dans la confusion de luttes irritantes et vaines. Elle a fini par des scènes tumultueuses et des aveux d’impuissance, par des coups de parti et des coups de pistolet. Elle n’a eu, à tout prendre, qu’un genre d’originalité sur son déclin : elle n’a pas créé peut-être, elle a mis à nu une de ces situations indéfinissables où l’on dirait que tout est devenu possible parce que les imaginations fatiguées ne savent plus de quel côté se tourner, où, pour toute nouveauté, se produisent à l’improviste de ces phénomènes qu’on ne voit que dans les temps troublés et obscurs.