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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 76.djvu/909

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jour de la semaine. Le soleil était accolé à l’or et la lune à l’argent. Le vif-argent lui-même a fini par perdre son nom primitif pour adopter celui de la planète Mercure. Saturne, contemplé à l’œil nu, brille, paraît-il, d’une lueur « plombée ; » donc à Saturne le plomb. Pour Mars, dieu de la guerre, il fallait le fer, et du reste, la nuance rougeâtre de la planète rappelle un peu celle du métal en fusion. À Vénus, honorée dans l’île de Chypre où le cuivre abonde, on dédie le cuivre. Il va sans dire que nous ne prétendons nullement affirmer que le choix des alchimistes n’ait pas été purement arbitraire, d’autant plus que nous avouons ne pas comprendre pourquoi l’étain est échu en partage à Jupiter. Chacun sait, ne fût-ce que pour avoir lu les étiquettes des fioles de pharmacie, que ces anciennes dénominations, premiers termes de nomenclature bégayés par la science naissante, sont encore fréquemment usitées après avoir été seuls employées. Sel de Saturne, vitriol de Mars, cristaux de Vénus sont des expressions pour le moins aussi connues que celles plus scientifiques d’acétate de plomb, de sulfate de fer, d’acétate de cuivre.

Les alchimistes du moyen âge élargirent un peu le cadre étroit légué par les Grecs, les Romains, les Arabes, en découvrant l’arsenic, l’antimoine, le bismuth, qu’ils se gardaient bien de ranger à côté des sept métaux, de peur de troubler la symétrie du nombre. Mais il fallut enfin renoncer à ce chiffre fatidique quand le zinc fut connu. Nous ne pouvons nous étendre ici sur la mystérieuse légende de la première préparation du phosphore par des chimistes de Hambourg (1669) et nous ne parlerons pas des manipulations dégoûtantes à la faveur desquelles s’obtenait cette matière. Nos compatriotes peuvent revendiquer l’honneur d’avoir trouvé un certain nombre de corps simples importans ; si l’iode et le brome sont incontestablement dus à Gay-Lussac et à Balard, Lavoisier étudie l’oxygène en même temps et bien mieux que Scheele en Suède, Priestley en Angleterre, et, plus de deux siècles avant Cavendish, Paracelse, contemporain de François Ier, entrevoit l’hydrogène. Depuis une centaine d’années, Berzélius, Davy, Bunsen, nous ne parlons que des principaux, ont largement contribué à grossir la liste des élémens. À partir de 1860, quinze nouveaux métaux ont été caractérisés grâce à la seule puissance de» l’analyse spectrale, le meilleur et le plus usité des procédés d’investigation dont on dispose actuellement. Parmi les plus jolies découvertes actuelles, il convient de signaler celle du gallium, auquel la Gaule a servi de marraine, et celle du scandium, ne sur les bords de la Baltique. À l’heure qu’il est, les noms « patriotiques » ou « géographiques » se trouvent être assez à la mode ; deux des derniers venus, dont l’apparition est encore