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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 77.djvu/594

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donc deux années devant soi pour prendre une résolution et que le moindre réveil de la prospérité rendrait au pays la possibilité d’achever l’œuvre commencée tout en faisant fonctionner l’amortissement. L’adoption du budget est liée à l’existence du ministère, et celle-ci est à la merci des combinaisons parlementaires.

S’il est peu probable que le budget de 1887 ferme l’ère des déficits, il est certain qu’elle ne prendra point fin avec le budget de 1886. Il avait été voté avec un excédent de recettes de 1,013,024 fr. ; mais une loi du 27 décembre 1885 a ouvert au gouvernement, pour les dépenses du Tonkin et de Madagascar, des crédits extraordinaires s’élevant à 79,036,488 francs. Trois projets de loi, en date des 21 et 27 janvier ont demandé ouverture d’autres crédits extraordinaires pour 11,499,132 francs. Les dépenses étaient donc déjà accrues de plus de 90 millions. Le vote de l’emprunt nécessite dans ce budget des modifications sur lesquelles le parlement n’a pas encore statué. Il est indispensable d’ouvrir un crédit supplémentaire de 16,458,000 francs pour les intérêts des versemens à opérer sur l’emprunt en 1886, et un autre crédit pour les intérêts de la dette flottante, insuffisamment prévus au budget. C’est donc un nouvel accroissement de dépense de 22 millions. En outre, le chapitre y du ministère des finances contenait un crédit de 122,409,755 francs pour les intérêts et l’amortissement des obligations sexennaires ; 22 millions 1/2 avaient été déjà dépensés, à la date du 1er mars, tant pour le remboursement d’un certain nombre d’obligations que pour les arrérages, le ministre demandait l’annulation du surplus, soit 99,927,388 francs, dans l’hypothèse que toutes les obligations seraient remboursées sur le produit de l’emprunt, et qu’il n’aurait plus à s’occuper ni de leur amortissement ni de leurs arrérages. Si l’on déduit de ces 99 millions les 22 millions de nouveaux crédits extraordinaires, on retrouve ces 77 millions d’annulations dont il a été fait état, dans l’exposé du budget de 1887 et dans une note officieuse, comme compensant en grande partie les crédits supplémentaires qui ont grossi le budget de 1886. Mais l’hypothèse dans laquelle le ministre se plaçait ne s’est pas réalisée ; le parlement n’a pas encore voté le remboursement des obligations par voie d’emprunt ; les arrérages courent donc toujours, et des obligations arrivent journellement à échéance. Les annulations prévues par le ministre se réduisent d’autant et les crédits supplémentaires subsistent dans leur intégrité. Or, ces crédits ont été singulièrement accrus par une série de décrets : au 15 août dernier, ils excédaient les annulations de 132,833,257 francs. Si l’on ajoute à ces 132 millions les 48 millions qui manquaient, au 31 juillet, sur les recettes prévues, on se trouve, au bout de sept mois seulement, en présence d’un déficit de 180 millions, destiné à s’accroître