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À cette dette de 4,937 millions, qui a entraîné l’addition au budget d’une charge permanente de près de 200 millions, il y a lieu d’ajouter les 11,032,135 francs de rente amortissable, représentant un capital de 294,769,204 francs, qui ont été créés ou plutôt ressuscités pour être remis à la caisse des retraites pour la vieillesse en échange des rentes amorties par elle. Passons maintenant aux engagemens contractés pour l’avenir et qui doivent nécessairement se traduire par un accroissement des charges publiques. Le ministère de l’instruction publique et la commission du budget ont prévu pour la construction des écoles une nouvelle dépense de 618 millions. Le troisième réseau des chemins de fer, malgré les réductions qu’on lui a fait subir, exigera encore 2 milliards ½ ; mais comme le gouvernement, escomptant les ressources de l’avenir, a demandé aux compagnies de se libérer, en travaux, des 320 millions dont elles sont débitrices envers l’état et de concourir à la dépense pour 300 autres millions, il restera seulement à la charge du trésor l’intérêt et l’amortissement de 1,800 millions. Le rapporteur du budget des travaux publics, après la révision faite, sur la demande du ministre des finances, a évalué à 900 millions les dépenses restant à faire pour la navigation fluviale et maritime et pour les canaux, et de 250 à 300 millions les travaux nécessaires pour l’achèvement du réseau1 de l’état. Il faut prévoir, pendant plusieurs années, l’émission d’au moins 100 millions d’obligations sexennaires pour faire face aux garanties des chemins de fer, et les subventions assurées aux compagnies maritimes entraîneront une dépense totale de 230 millions. On ne peut donc évaluer à moins de 4 milliards les capitaux que le trésor devra, dans une courte période, se procurer par voie d’emprunt direct ou indirect et dont il devra, en tout cas, supporter les arrérages et l’amortissement. Qui oserait, en face de pareils engagemens, espérer une atténuation des charges budgétaires ?

Quel allégement la dette flottante a-t-elle reçu ? Sur le produit de l’emprunt, 242 millions étaient destinés au remboursement des bons du trésor ; mais ces bons s’élevaient, le 1er avril, à 302 millions : par conséquent, 60 millions au moins n’ont pas été éteints. Ce chiffre ne peut manquer de s’accroître par suite des besoins du trésor, besoins qu’accuse l’autorisation récemment donnée aux souscripteurs de l’emprunt de se libérer, par anticipation, du dernier versement. Le ministre a-t-il pu demeurer fidèle à la résolution qu’il annonçait au sénat de ne pas excéder, quant à l’emploi des fonds des caisses d’épargne, les limites posées dans son projet de budget ? Le montant des dépôts était, au commencement de l’année, de 2,240 millions : l’excédent mensuel des versemens sur les retraits étant de 16 à 20 millions, on ne doit pas être éloigné