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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 77.djvu/919

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donné au bureau qui les fait visiter et s’adresse au shérif, haut fonctionnaire salarié dont les fonctions correspondent à celles de nos préfets et présidons de tribunaux. Le lunatic non indigent est-il mis en pension chez des étrangers, la loi, sortant aussitôt de son demi-sommeil, exige, sous peine d’amende, et, dans les quinze jours, une autorisation du bureau central ou une ordonnance du shérif. Quant à l’aliéné indigent, l’officier de charité, dès qu’il apprend son existence dans la paroisse, avertit les commissioners, qui décident s’il sera conduit à l’asile du district ou ailleurs. En principe, l’Écosse ne connaît que le placement d’office ordonné par le shérif après la production de deux certificats de médecins attestant, sous leur responsabilité personnelle, les faits qu’ils ont constatés eux-mêmes ; mais, en cas d’urgence, on admet le placement, sans ordonnance, avec un seul certificat, pourvu que, dans les trois jours, les formalités habituelles soient remplies. Ce placement provisoire tend de plus en plus à devenir la règle, et la pratique, cette pierre de touche des principes, lui donne raison, puisque la guérison des maladies mentales dépend beaucoup de la rapidité du traitement, puisque aussi, sur 7,364 personnes admises de la sorte de 1880 à 1882, 67 seulement, pour des causes diverses, ont quitté l’asile avant l’expiration des trois jours, une seule par suite du refus du shérif d’ordonnancer le maintien d’office. Il peut arriver que la démence n’ait pas un caractère assez aigu pour justifier des certificats médicaux et qu’il y ait néanmoins intérêt à faciliter le traitement du malade dans un asile : alors le superintendent peut l’accepter comme pensionnaire bénévole, sur sa demande écrite et avec l’assentiment d’un membre du bureau central.

C’est en Écosse que le système du traitement dans les maisons particulières, système moins onéreux, qui permet de remédier à l’encombrement progressif des asiles, a donné ses résultats les plus remarquables. On l’a organisé avec un soin extrême, en l’appliquant à des sujets exceptionnels qui, le 1er janvier 1883, n’étaient pas moins de 1,693, alors qu’on compte à peine 10,500 aliénés dans ce pays : chacun d’eux a son dossier individuel et complet à Edimbourg, et tout propriétaire peut se faire autoriser à en recevoir trois ou quatre. Ces indigens, entretenus aux frais des paroisses, restent souvent avec leur famille, qui, grâce à la pension qu’elle reçoit, se trouve récompensée de ses peines, dédommagée de ses dépenses ; ainsi l’affection et l’intérêt, ces deux mobiles trop souvent désunis, qui se portent de si rudes coups, sont en quelque sorte mariés et s’accroissent l’un par l’autre. Le docteur Foville a constaté, non sans raison, l’analogie que présente ce service avec celui des enfans assistés en France, sous cette réserve