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qu’en Écosse le contrôle dépend d’un bureau central installé à Edimbourg, tandis qu’ici il aboutit à un chef-lieu de département, où il se confond avec les attributions multiples des préfets qui lui impriment une surveillance moins rigoureuse.

Les asiles privés écossais ne se distinguent des anglais que par leur petit nombre et la quantité fort restreinte de leurs malades, mais les asiles publics ont une physionomie originale chez ce peuple qui se flatte de marcher à la tête de la civilisation aliéniste. Voici d’abord les asiles royaux, les plus riches, les mieux organisés, constitués en vertu d’un acte du parlement ou d’une charte, avec le produit d’une fondation, de libéralités particulières, comparables aux hôpitaux enregistrés, recevant à la fois des indigens et des pensionnaires : ils sont au nombre de sept, Aberdeen, Dumfries, Dundee, Morningside, Gartnavels, Montrose, Penh ; — les asiles de district, formés pour un ou plusieurs comtés, gouvernés pur des conseils spéciaux, sous la haute tutelle des commissioners d’Edimbourg ; — les asiles de paroisses, qui correspondent aux asiles de bourgs, et ne renferment que des indigens ; le plus important, Woodilee, près de Lonzie, contient environ cinq cents malades des deux sexes ; — des quartiers spéciaux, dépendant des Poorhouses, absolument distincts des autres parties de la maison, réservés aux indigens incurables et inoffensifs ; — des écoles spéciales, Training Schools, établissemens charitables pour les enfans idiots et imbéciles ; — deux quartiers séparés pour les aliénés criminels dans la prison de Perth, un pour les hommes, un pour les femmes, avec des préaux spacieux, des terrains de culture : ni l’un ni l’autre n’ont l’aspect répulsif d’un bâtiment pénitentiaire, mais le mur de la prison les abrite et la proximité de celle-ci permet au besoin des secours rapides. Les convicts, ou condamnés devenus aliénés, restent à la prison commune, si l’autorité médicale le juge possible ; mais d’ordinaire on les place dans le quartier spécial, où ils demeurent jusqu’à l’expiration de leur peine, davantage même si l’intérêt de leur sécurité et du public le réclame. Quant aux aliénés du bon plaisir de la reine, reconnus inoffensifs, on les transfère du quartier de Perth à l’asile de leur circonscription, où ils sont traités dorénavant comme les autres malades. Il en est qui, depuis longtemps, paraissent rétablis et que, cependant, les médecins n’osent relâcher purement et simplement, à cause des rechutes possibles : à ceux-là le ministre de l’intérieur peut accorder des sorties conditionnelles ; le malade alors a pour résidence obligée le domicile d’un particulier, qui devient responsable de lui, fait chaque mois un rapport sur son état, affirme l’observation des règles qu’on lui a imposées. Si, par exemple, il a commis un acte criminel sous l’impulsion de la folie alcoolique, le gardien ou nourricier devra certifier qu’il n’use plus de liqueurs