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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 78.djvu/231

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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




31 octobre.

A peine nos chambres françaises se sont-elles trouvées réunies après trois mois d’absence, la paix a été troublée dans le ménage républicain, entre majorité et gouvernement. Le président du conseil le plus expert eu euphémismes et en consultations éinollientes avait eu beau prendre ses précautions, employer dans ses récens discours de province des tons aussi variés que touchans pour faire appel à la concorde, à la concentration républicaine, à l’union, à tout ce qu’on voudra : on lui a répondu aussitôt qu’on l’a pu par la discorde ! Cette session extraordinaire a débuté par une crise ministérielle. A la première occasion, la trêve proposée a été rompue, et c’était bien facile à prévoir, parce que le trouble est dans la nature des choses présentes, dans les conditions et l’essence d’une situation parlementaire où tout est artifice et équivoque.

Tant que les chambres sont dispersées, tout peut encore marcher à la faveur de ce bienfaisant repos de quelques semaines laissé au pays, qui, lui, ne s’agite pas et n’interpelle pas. L’incohérence et les contradictions des partis disparaissent momentanément, en quelque sone, dans la paix ou l’indifférence publique. Les ministres peuvent aller en voyage et prodiguer les discours où ils ne manquent pas de déclarer que tout est pour le mieux dans le plus heureux des mondes, que les républicains n’ont été jamais plus unis, que majorité et gouvernement marcheront d’un même pas, qu’on peut être tranquille. Ce sont là des discours des temps de vacances entre convives des banquets officiels, qui, en quittant la table du festin, ne vont pas voter pour ou contre le gouvernement, pour ou contre un ministre. C’est sans conséquence. Le jour où sénateurs et députés se retrouvent au Luxembourg et au Palais-Bourbon, tout change de face :