Aller au contenu

Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 78.djvu/538

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mensonge ; car Iahvé ne laisse pas sans le punir celui qui prend son nom pour garant du mensonge.

Note le jour du sabbat pour le sanctifier. Durant six jours, tu travailleras et te livreras à tes occupations ; mais le septième jour est un jour de repos, consacré à Iahvé, ton Dieu ; tu n’y feras nulle besogne, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton esclave, ni ta servante, ni tes bêtes, ni ton hôte qui demeure chez toi. Car, en six jours, Iahvé a fait les deux et la terre, la mer et tout ce qui s’y trouve, et il se reposa le septième jour ; voilà pourquoi Iahvé a béni le septième jour et l’a sanctifié.

Respecte ton père et la mère, pour que tu vives longtemps sur la terre que Iahvé ton Dieu doit le donner.

Tu ne tueras point.

Tu ne commettras pas d’adultère.

Tu ne voleras point.

Tu ne porteras point de faux témoignage contre ton prochain.

Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain.

Tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son esclave, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni rien de ce qui est à ton prochain.


On le voit, le progrès religieux qui caractérise le Livre de l’Alliance est encore plus sensible dans la petite Thora en une dizaine d’articles élaborée par les sages de Jérusalem. Ce que Iahvé commande est exclusivement la morale. La condition du pacte de Iahvé avec ses serviteurs est de bien faire. Les récompenses de Iahvé sont les biens de ce monde ; il les donne à qui lui plaît ; or, celui qui lui plaît, c’est l’honnête homme. Pour vivre longtemps, pour être heureux, il faut éviter le mal. Le pas est franchi. Les vieilles religions où le Dieu octroie ses biens à celui qui lui offre les plus beaux sacrifices et pratique le mieux ses rites sont entièrement dépassées. Le Livre de l’Alliance avait déjà inauguré des idées du même ordre dans le royaume du Nord ; mais le Décalogue lui est supérieur en netteté. La fortune incomparable qu’a eue cette page, devenue le code de la morale universelle, n’a pas été imméritée.

Dans le Décalogue, en effet, est achevé le cycle de retour au culte pur de Dieu qu’on entrevoit aux origines de la vie patriarcale et dont Israël avait dévié en adoptant un dieu national. Iahvé n’est plus seulement le Dieu d’Israël, il est le Dieu du ciel, de la terre, du genre humain. Il aime le bien ; il ordonne le bien. Il est le vrai Dieu. Ainsi, Israël réussit à faire le bien et le vrai avec ce qui en était la négation. Le progrès en religion peut se faire de deux manières, soit en