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après avoir fait son rapport au roi sur les travaux, ajouta : « J’ai là un livre que m’a donné le prêtre Helqiah, » et il le fut devant le roi. « Or, lorsque le roi eut entendu les paroles du livre de la Loi et les menaces terribles qui les accompagnaient, il déchira ses vêtemens, et il dit au prêtre Helqiah, et à Ahiqam, et à Akbor, et à Safan le sofer, et à Asaïah : Allez consulter Iahvé pour moi et pour tout Juda, au sujet des paroles du livre qui vient d’être trouvé ; car c’est une terrible chose que la colère de Iahvé, qui s’est allumée contre nous, parce que nos pères n’ont pas obéi aux paroles de ce livre, de façon à exécuter tout ce qui nous y est prescrit. » Le roi n’avait pas de doutes sur l’authenticité du livre ; mais, comme il était clair que, depuis l’avènement de Manassès, on avait négligé d’observer la Loi, il se demandait si Iahvé reviendrait sur ses menaces et s’il valait la peine de se convertir, puisque le mal était fait. Les envoyés du roi vinrent trouver la prophétesse Hulda, qui demeurait à Jérusalem, dans le quartier appelé Misné ; ils lui exposèrent l’affaire. La prophétesse, d’accord sans doute avec Jérémie, répondit que Iahvé était justement irrité, mais qu’on l’apaiserait en revenant à l’observation stricte de la Loi.

Le nouveau code fut adopté comme le programme du iahvéisme réformé que les piétistes de la nouvelle école voulaient introduire. Selon le récit du Livre des Rois, Josias fit assembler tous les habitans de Jérusalem. On fut devant eux les paroles du livre de pacte trouvé dans le temple. Le roi, debout sur une estrade, proclama le pacte avec Iahvé, consistant « à suivre Iahvé de cœur et d’âme, à garder ses commandemens, préceptes et ordonnances, selon qu’il est écrit dans ce livre. » Tout le peuple conclut le pacte, et Israël fut consacré de nouveau à Iahvé, comme on croyait qu’il l’avait été du temps de Moïse et de Josué.

On ne saura jamais avec la précision exigée par nos habitudes historiques les circonstances de cet événement capital ; ce qu’il y a de sûr, c’est que le volume découvert si à propos par Helqiah, nous le possédons. C’est l’ouvrage, parfaitement bien composé, qui s’étend depuis le verset 45 du chapitre IV de la section de l’Histoire sainte appelée Deutéronome par les traducteurs grecs, jusqu’à la fin du chapitre XXVIII de cette même section.

Le code en question a la prétention d’être le code suprême, non le code unique d’Israël. Le pacte du Sinaï ou du Horeb dure encore[1]. La loi révélée à Arboth-Moab n’en est qu’une nouvelle promulgation, mais une promulgation qui rend inutile la première. La base du pacte de Iahvé avec le peuple est le Décalogue tel que le

  1. Deuter., ch. V, plusieurs fois.