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de confiance à propos d’une proposition inopportune de réduction budgétaire et ressaisir, en apparence au moins, son influence sur la majorité. Quant au budget, il se réglera comme on pourra, par le sacrifice de l’amortissement, et comme le sénat n’aura pas le temps de le voter à son tour avant la fin de l’année, on devra recourir aux douzièmes provisoires. La spéculation s’en préoccupe peu, l’important pour elle étant que toute appréhension de crise ministérielle soit écartée.

Si les préoccupations budgétaires avaient dû, malgré tout, faire hésiter les acheteurs à porter leur effort sur la rente française, la hausse continue des fonds étrangers aurait en raison de leurs scrupules. Il était difficile que nos fonds seuls restassent immobiles quand tous les autres en Europe étaient en ébullition. C’est surtout en Italie et à Vienne que la spéculation se donne maintenant carrière. En Italie, les haussiers poussent certains titres de banque, comme le Mobilier italien, la rente, puis les Chemins méridionaux. Chez nous, la rente italienne a dépassé 102 et les Méridionaux 800. A Vienne, c’est le Crédit mobilier d’Autriche qui donne l’impulsion, avec les Chemins autrichiens, que l’on rachète pour compte d’un vendeur à découvert ; puis le Crédit Foncier d’Autriche, en hausse de 790 à 815 ; la Banque des Pays-Autrichiens, qui s’élève de 480 à 520 ; puis la Banque hongroise, les Lombards, le Hongrois 4 pour 100 or, qui a gagné presque une unité depuis quinze jours, puis encore un certain nombre de valeurs locales.

A Berlin, les fonds russes ne montent pas, mais, ce qui est remarquable dans la situation actuelle, ils ne baissent pas, malgré le bruit qui a circulé de l’opposition qu’aurait faite M. de Bismarck à l’émission de tout nouvel emprunt russe sur les marchés allemands. La hausse lente, mais continue des valeurs ottomanes trouve dans la spéculation berlinoise encouragement et appui. Comme il s’agit de créer un marché aux nouvelles obligations ottomanes garanties par le revenu des douanes de quatre vilayets, on a fait monter le Turc à 14.50 et la Banque ottomane à 530. Les obligations des douanes ont été prises, dit-on, par le syndicat allemand à 325. Elles sont cotées environ 540. Les anciennes obligations privilégiées garanties par l’ensemble des revenus concédés au service de la dette publique ne valent toujours que 363.

Les Consolidés ont définitivement passé 102. Le parlement belge a voté, le 17 courant, la conversion de 4 pour 100 en 3 1/2. Le premier fonds a fléchi à 101.25. Le capital de la dette belge 4 pour 100 s’élève à 818 millions, et l’annuité inscrite au budget pour le service d’intérêt est de 32,800,000 francs. La conversion doit réduire de 2 millions 1/2 cette annuité. Le nouveau fonds est garanti pendant six ans et demi