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Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 78.djvu/775

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LES
MISSIONS CATHOLIQUES EN CHINE
ET LE
PROTECTORAT DE LA FRANCE


I

Comme un disciple de Confucius l’interrogeait un jour sur l’immortalité de l’âme et sur la vie future, le sage répondit : « Pourquoi songer à l’autre vie, alors qu’il est déjà si difficile de connaître la vie présente ? » Cette réponse, qui fait du philosophe de Lou un ancêtre de nos positivistes, parait exprimer assez exactement l’idée commune des lettrés chinois sur le plus grand problème qui s’impose à la pensée de l’homme. Ce problème, ils ne s’en occupent guère. L’esprit chinois, terre à terre, peu porté aux abstractions et aux conceptions métaphysiques, s’accommode volontiers d’une indifférence à laquelle répugne l’imagination plus ardente de la plupart des autres peuples. Pour les lettrés, il n’existe guère de religion dans le sens que nous donnons à ce mot. Les hommages périodiques rendus à la mémoire de Confucius, les cérémonies en l’honneur des ancêtres, la participation au culte officiel dont l’empereur est le seul grand prêtre, n’impliquent pas une foi particulière en des